Quelles perspectives pour 2023?

Arthur Jurus, ODDO BHF

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L'inflation dépassera probablement son point culminant en 2023 tant aux Etats-Unis qu’en Europe, où l’amorce du ralentissement sera toutefois moins marquée qu’aux USA.

©Keystone

L'année 2022 devrait entrer dans les livres d'histoire à bien des égards. La forte hausse des prix de l'énergie et les chaînes d'approvisionnement affectées ont fait grimper massivement les taux d'inflation dans le monde entier. En conséquence, les banques centrales ont augmenté rapidement et massivement les taux d'intérêt afin de faire diminuer la demande au niveau d’une offre devenue plus faible. La perte de pouvoir d'achat des consommateurs, les baisses de production et d'investissement liées à la hausse de l'inflation et des taux d'intérêt ainsi que les problèmes persistants en Chine (stratégie du «zéro Covid», crise immobilière) ont entraîné un ralentissement de la croissance dans le monde entier.

Ces évolutions ont également entraîné des perturbations notables sur les marchés des capitaux. L'avantage de la diversification, qui résulte de la répartition d'un portefeuille entre les obligations, les actions et d'autres catégories d'actifs, a mal fonctionné cette année, car les obligations et les actions étaient fortement corrélées et ont chuté ensemble au même moment. De plus, il y a eu de fortes divergences entre les différents secteurs d'actions. Les titres énergétiques ont nettement progressé. En revanche, les actions sensibles aux taux d'intérêt et fortement valorisées, notamment dans le secteur de la technologie, ont été affectées.

Dans la zone euro, la politique monétaire reste trop expansionniste, car les taux directeurs n'ont pas encore été relevés bien au-dessus du «taux neutre» nominal.

Pour 2023, nous nous attendons à de nouvelles hausses des taux d'intérêt aux Etats-Unis et en Europe en raison des taux d'inflation élevés. Aux Etats-Unis, la politique monétaire est déjà restrictive après les dernières hausses des taux directeurs. En revanche, dans la zone euro, la politique monétaire reste trop expansionniste, car les taux directeurs n'ont pas encore été relevés bien au-dessus du «taux neutre» nominal (taux directeur qui n'est ni expansionniste ni restrictif) dans la zone euro. Le niveau auquel les taux directeurs augmenteront dépendra en premier lieu de l'évolution de l'inflation et de l'évolution de la conjoncture. L'inflation dépassera probablement son point culminant en 2023 dans les deux régions. En Europe, elle baissera probablement plus lentement qu'aux Etats-Unis en raison de la composante des prix de l'énergie et des prix à la production nettement plus élevés. Un choc d'offre ne s'atténue typiquement que lorsque l'inflation sous-jacente (hors alimentation et énergie) dépasse l'inflation totale.

Comme les taux d'intérêt vont probablement continuer à être relevés, nous continuons à privilégier une duration courte du côté des obligations. Selon nous, le moment n'est pas encore venu d'allonger les durées dans les portefeuilles d'obligations afin de profiter des hausses de prix en cas de nouvelle baisse des taux. En revanche, une augmentation sélective du risque de crédit dans le domaine de l'investment grade semble bientôt opportune.

Nous prévoyons actuellement une récession avec une probabilité de 85% dans la zone euro et de 60% aux Etats-Unis.

Les actions européennes et des pays émergents se négocient désormais à des niveaux proches de leur moyenne à long terme, si l'on rapporte les cours aux fondamentaux comptables et à d’autres indicateurs de valorisation. En revanche, les actions américaines continuent de se négocier au-dessus de leurs niveaux de valorisation moyens historiques, malgré la baisse des cours. La valorisation plus élevée des actions américaines, la force du dollar américain et la baisse des marges bénéficiaires aux Etats-Unis plaident actuellement davantage en faveur des actions de la zone euro que des actions américaines. Nous estimons qu'il est actuellement prématuré d'augmenter encore la part des actions. Par le passé, il s'est avéré payant de n'augmenter sensiblement la part des actions que quelques mois avant la fin d'une récession. En outre, nous prévoyons actuellement une récession avec une probabilité de 85% dans la zone euro et de 60% aux Etats-Unis.

Notre approche d'investissement reste axée sur le long terme. Les entreprises que nous sélectionnons doivent continuer à répondre à nos exigences élevées de qualité. Nous sommes convaincus que notre approche qualitative systématique nous permettra à l'avenir de réaliser une plus-value à moyen et long terme pour nos clients. En tant qu'investisseurs de qualité, nous continuons à nous concentrer sur les actions présentant une grande efficacité du capital, des avantages concurrentiels évidents et une croissance structurelle élevée.

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