Qu’attendre du resserrement de politique monétaire de la Fed?

Arthur Jurus, ODDO BHF

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Durcissement de la politique monétaire: la Fed agira dès le 16 mars en arrêtant ses rachats d’actifs

L’inflation américaine atteint 7,5% sur un an. La progression reste de 4% en excluant les prix de l’énergie, de l’alimentaire et les composants liés au retour de la mobilité. Cette dynamique s’ajoute à l’accélération de la croissance des salaires désormais de 5,7% sur un an. En réaction, les investisseurs attendent désormais 6 hausses de 25 points de base du taux directeur en 2022. Par conséquent, la remontée des taux s’est poursuivie. Le taux 2 ans a atteint les 1,60% et celui à 10 ans excède les 2%. L’instabilité du taux réel américain a pénalisé l’USD.

La Réserve Fédérale accélèrera le resserrement de sa politique monétaire. Le 16 mars, le taux directeur augmentera de 25 points de base et les nouveaux rachats d’actifs cesseront. Deux outils seront ensuite à sa disposition: (i) augmenter davantage le taux directeur pour contenir l’inflation, (ii) réduire son bilan pour limiter l’aplatissement de la courbe des taux qui signalerait un ralentissement économique. L’écart entre le taux 10 ans et 2 ans a été divisé par 2 cette année (44pb) et une inversion signalerait une récession. Réduire le bilan, en diminuant les réinvestissements sur les longues maturités, serait donc une alternative. En octobre 2017, la Fed avait déjà initié une réduction de 15% de son bilan sur 2 ans pour un montant de 690 milliards. Cette fois, le rythme de la baisse pourrait être plus rapide, pour limiter l’aplatissement de la courbe des taux, et plus important compte-tenu des 8870 milliards d’actifs détenus. 15% de réduction du bilan représenterait désormais 1330 milliards. Selon le Council on Foreign Relations, un tel effort équivaudrait à un durcissement de 150 points de base du taux directeur.

Cette dynamique monétaire trop agressive pourrait freiner l’activité économique. Les analystes, qui attendent 3,8% de croissance en 2022 contre 4,3% il y a 4 mois, pourraient encore revoir à la baisse leurs anticipations sur l’activité américaine. Un durcissement monétaire pourrait certes freiner l’inflation mais aussi les intentions d’investissement. Enfin, le risque de hausse des taux persiste. L’inflation sera supérieure à 5% au premier semestre mais décélèrera en fin d’année à 3,1% ce qui justifierait un taux 10 ans proche de 2,4% fin 2022. Le risque de ralentissement économique devrait ainsi passer au premier plan dans les mois à venir, devant le risque inflationniste.

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