Prudence sur les actions face au ralentissement économique

Arthur Jurus, ODDO BHF

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La situation actuelle est celle que souhaitait Jerome Powell: un ralentissement économique pour faire ralentir l’inflation tout en évitant la récession.

L’économie américaine poursuit son ralentissement. Au premier trimestre 2023, le PIB a progressé de 1,3% sur un an soit un rythme deux fois inférieur à celui observé fin 2022. Le Beige Book de mai confirme la stagnation de l’activité, une augmentation des défaillances sur les crédits à la consommation et une baisse de l’activité dans la construction et l’industrie manufacturière.

Malgré un marché de l’emploi toujours dynamique, les créations d’emplois restent très concentrées dans la santé, l’éducation, les loisirs et l’administration qui représentent 46% des emplois totaux, 30% de la valeur ajoutée de l’économie américaine mais 77% des créations au cours des 6 derniers mois. Par conséquent, les secteurs cycliques (industrie, construction, commerce) et les services aux entreprises ne recrutent plus. Ainsi, en dépit de chiffres macroéconomiques positifs, l’essoufflement commence à être observé sur l’un des derniers piliers résistants au ralentissement économique mondial.

Les investisseurs anticipent une croissance de 1,1% cette année, puis un ralentissement de 0,8% en 2024, tout en prévoyant une baisse du taux directeur dès le second semestre.

Actuellement, la Fed anticipe une modeste contraction de l’activité fin 2023-début 2024 et un maintien des taux directeurs aux niveaux actuels ces 6 prochains mois. La situation actuelle était celle souhaitée par Jerome Powell: un ralentissement économique pour faire ralentir l’inflation tout en évitant la récession. Ce dernier risque n’advient toujours pas. A contrario, les investisseurs anticipent une croissance de 1,1% cette année, puis un ralentissement de 0,8% en 2024, tout en prévoyant une baisse du taux directeur dès le second semestre. La divergence persiste donc entre la banque centrale et les investisseurs. Une situation qui n’a pas pénalisé les actifs risqués mais les risques d’erreur de politique monétaire sont désormais plus élevés.

L’indicateur avancé ISM sur l’activité dans l’industrie signale toujours une contraction de l’activité. Cela indique historiquement une sous-performance des actions sur les obligations. Nous restons donc prudents sur les actions. Dans ce contexte, deux options s’offrent toujours aux investisseurs. Premièrement, réduire les actions pour acheter des obligations à haut rendement de courte duration est une alternative crédible. Il faudrait plus de 450 points de base d’écartement de spreads pour perdre son capital sur un horizon de un an. Secondement, couvrir son portefeuille action par un achat d’options de vente en profitant de la faible volatilité est une solution adaptée. En Europe, couvrir le quart du portefeuille pour l’été avec un put à 5% en dehors de la monnaie coûtera 0,5%. Un coût peu élevé si l’on compare à la performance des actions européennes Stoxx50 en 2023 (+14%).

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