Prochaine étape: mesures ciblées dans la zone euro

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

2 minutes de lecture

Côté suisse, l’économie se tire de la première phase de la pandémie avec quelques égratignures seulement.

Au début du deuxième trimestre, les indicateurs économiques fiables pâtissaient d’une visibilité extrêmement faible. A l’époque, les économistes, nous-mêmes compris, sous-estimaient l’ampleur du choc sur l’économie pendant les confinements, mais aussi sur l’activité de la deuxième moitié du premier trimestre, lorsque les entreprises comme les consommateurs ont dû obéir aux premières mesures sanitaires. Depuis, la compréhension de la nature de la pandémie et de son impact sur les différents secteurs a bien progressé: à la publication du PIB du deuxième trimestre pour la zone euro, l’écart avec les prévisions s’est révélé étonnamment mince puisque, selon Bloomberg, le consensus attendait une contraction de 12,1%, qui s’est révélée juste. Dans le cas de l’Allemagne, notre propre projection correspondait parfaitement à la deuxième estimation du bu-reau fédéral de la statistique. Les pouvoirs publics apprennent eux aussi à s’adapter à la pandémie. Malgré la hausse récente des nouveaux cas d’infection, nous pensons toujours que des mesures locales ciblées suffiront à éviter aux systèmes sanitaires européens d’être submergés en cas de deuxième vague cet hiver. Pour la suite, nous recommanderions également des mesures de poli-tique budgétaire plus ciblées et, dans une phase ultérieure, il vaudra mieux soutenir l’innovation que préserver des structures dépassées.

L’inflation totale devrait remonter au-dessus de 1% en 2021
sous l’effet de base de la volatilité des prix de l’énergie début 2020.

Vu la sous-utilisation des ressources et l’hypothèse d’un retour à l’activité d’avant-crise en 2022 seulement, l’inflation n’est pas près de s’envoler selon nous. L’inflation totale devrait remonter au-dessus de 1% en 2021 sous l’effet de base de la volatilité des prix de l’énergie début 2020. Outre la difficulté de mesurer les prix pendant le confinement, la baisse temporaire de la TVA allemande complique encore l’évaluation des tendances de prix.

Certains s’attendaient à pire en Suisse

L’économie suisse se tire de la première phase de la pandémie avec quelques égratignures seule-ment. Grâce à l’importance du secteur pharmaceutique, la production industrielle n’a chuté que de 8% au deuxième trimestre, bien moins que dans d’autres pays occidentaux. La production des labo-ratoires pharmaceutiques n’a diminué que de 0,2% au deuxième trimestre. Selon les derniers chiffres publiés, l’activité du BTP aurait moins ralenti que redouté, et les carnets de commandes restent pleins. Le PIB réel aurait globalement reculé de 8,2% au deuxième trimestre selon les esti-mations préliminaires officielles. Dans les autres secteurs manufacturiers, les perspectives restent incertaines. Les prises de commandes en début de troisième trimestre seraient très ralenties selon les enquêtes auprès des entreprises de l’industrie MEM (machines, équipements électriques et métaux). En revanche, l’embellie dans les services, amorcée avec les déconfinements en mai, se poursuit. Les hôtels et restaurants des Alpes ont profité d’une forte demande des Suisses, qui a contribué au recul du chômage dans ces régions. Le fait que nombre de Suisses passent leurs va-cances dans le pays a sensiblement amélioré la consommation finale durant les mois d’été. Nous attendons un rebond de la croissance du PIB réel de 8,8% au troisième trimestre. Si nos projections restent plus optimistes, d’autres prévisionnistes ont récemment ajusté les leurs à la hausse : en deux mois, l’estimation de croissance du consensus pour 2020 est passée de -6,0% à 5,6%.

Comme ailleurs, l’Office fédéral de la statistique a eu du mal à collecter les prix pendant le confine-ment, un problème totalement résolu en juillet sauf pour les billets d’avion. Même s’il est préma-turé d’annoncer une tendance claire, les statistiques de prix reflètent le rebond de la demande de certains biens et services après la pandémie – l’ameublement, les voitures neuves et les nuits d’hôtel ont vu leurs prix augmenter récemment.

A lire aussi...