Nette remontée des prévisions en Allemagne

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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Si les prévisions d’évolution de l’activité restent relativement prudentes, elles se sont améliorées dans la grande majorité des secteurs étudiés.

© Keystone

L’économie allemande se remet de la chute libre de l’activité en mars et avril, et de la légère récession déjà entamée avant l’épidémie. L’enquête détaillée de l’institut Ifo révèle une nette amélioration de la confiance des entreprises dans la situation actuelle mais aussi, et surtout, pour leur activité future. Si les prévisions d’évolution de l’activité restent relativement prudentes, elles se sont améliorées dans la grande majorité des secteurs étudiés, y compris les services les plus touchés par le confinement. A court terme, l’économie allemande bénéficie d’une conjonction de facteurs favorable : gestion réussie de la pandémie, réaction budgétaire convaincante et tourisme national qui entretiendra la demande de biens et services dans le pays cet été. Comme celle des entreprises, la confiance des ménages s’est sensiblement redressée ce mois-ci. A l’heure où la principale économie européenne semble se tirer de la crise avec quelques égratignures seulement, certaines de ses faiblesses structurelles les plus anciennes refont surface. Les détails de l’enquête Ifo montrent que les constructeurs automobiles prévoient toujours des licenciements. Or, les difficultés persistantes de ce secteur remettent en question l’emploi chez de nombreux sous-traitants et pourraient expliquer pourquoi l’indice allemand des directeurs d’achats de l’industrie manufacturière ne s’est pas redressé au même rythme que ceux de la France ou du Royaume-Uni.

Comme dans le reste de l’Europe, les indicateurs économiques
français ont commencé à s’améliorer le mois dernier.

Les chiffres préliminaires de l’inflation allemande de juin ont surpris à la hausse. Les entreprises touchées par les restrictions destinées à endiguer l’épidémie de CO-VID-19 semblent pouvoir répercuter la hausse des coûts sur leurs clients. De fortes hausses de prix ont été enregistrées pour les services de coiffure et d’esthétique, mais aussi les restaurants. La réduction temporaire de la TVA au second semestre accroîtra la volatilité des statistiques de prix mensuelles.

L’activité touchée de toutes parts en France

Comme dans le reste de l’Europe, les indicateurs économiques français ont commencé à s’améliorer le mois dernier. La confiance des ménages et des entreprises est remontée après les plus-bas récents et l’indice des directeurs d’achats est repassé au-dessus du seuil d’expansion des 50 points dans les trois secteurs de l’industrie manufacturière, des services et de la construction. Pourtant, par rapport aux autres membres de l’UEM, la France tarde toujours à rouvrir son économie. D’après l’indice de rigueur des mesures de confinement de l’université d’Oxford, celles en vigueur en France restent plus strictes qu’en Allemagne, mais aussi qu’en Italie ou en Espagne. Du rythme de réouverture d’une économie dépendent la vitesse de récupération de son activité intérieure et le retour à des niveaux plus normaux. Un retard par rapport aux autres pays peut certes protéger d’une deuxième vague d’infection, mais à un prix économique. De plus, son exposition comparativement plus élevée aux services constitue son talon d’Achille en 2020. Le pays est traditionnellement un bénéficiaire net des flux touristiques (voir graphique p. 1) et les restrictions de déplacements pourraient encore entraver une reprise déjà timide. Contrairement à l’Allemagne ou au Royaume-Uni, sa marge de manœuvre budgétaire est relativement mince et bride le potentiel d’une amélioration rapide de la demande intérieure finale.

Les prix à la consommation ont augmenté de seulement 0,1% en juin en glissement annuel, toujours entravés principalement par les tarifs de l’énergie, qui ont reculé de 9% par rapport aux niveaux de juin 2019. Nous prévoyons une inflation négative pour la France au troisième trimestre. L’effet de base des faibles prix de l’énergie devrait se dissiper au second semestre 2021 et d’ici là, l’inflation annuelle pourrait remonter au-dessus de 1%.

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