Privilégier la stabilité face à l’incertitude

Clémentine Gallès, Société Générale Private Banking

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Les tensions exercées sur les taux d’intérêt en 2023 renforcent les opportunités d’investissement.

Les marchés financiers auront été agités tout au long de l’année par les mouvements sur les taux d’intérêt de différentes maturités. En première partie d’année, la poursuite de la hausse de l’inflation a encouragé les banques centrales à continuer d’augmenter leurs taux directeurs. La fin de l’été a ensuite connu des tensions particulièrement marquées sur les taux de moyen et long terme, provoquées à la fois par la vigueur de l’économie américaine, qui a fait redouter la persistance de l’inflation, mais aussi par des craintes sur la trajectoire des finances publiques, notamment aux Etats-Unis. Récemment, ces tensions se sont très rapidement modérées, avec enfin des signaux d’accalmie de l’inflation. Cette modération présente une belle opportunité pour se renforcer sur les marchés obligataires en tirant parti du portage offert par de tels niveaux de taux d’intérêt.

Le pic de l'inflation semble bien dépassé, l'inflation totale ayant retrouvé des niveaux proches de 3% sur un an aux Etats-Unis et en zone euro (contre des pics à près de 9% et plus de 10% respectivement).
Vers un ralentissement sans effondrement de la croissance

Les Etats-Unis et, dans une moindre mesure, la zone euro ont résisté aux différents chocs auxquels ils ont fait face en 2023: hausse des taux d'intérêt, pic d'inflation à plus de 10%, crises géopolitiques, etc. Au lieu de la récession promise, l'économie américaine va vraisemblablement dépasser 2% de croissance sur l'année 2023. En zone euro, cette année ne s'est pas soldée par une contraction marquée de la croissance; la zone euro a seulement flirté avec la récession toute l'année. Dans les deux cas, cette résistance est principalement due aux bilans solides des ménages et des entreprises ainsi qu’à la vigueur du marché du travail. Néanmoins, fin 2023, de nombreux signaux laissent augurer d'un ralentissement de la croissance aux Etats-Unis en 2024 et d'une atonie persistante en zone euro. Tout d'abord, les indices de climat des affaires se sont établis sur des niveaux faibles et les marchés du travail se détendent. Ensuite, l'épargne accumulée a été en partie utilisée aux Etats-Unis et n'est que partiellement disponible en zone euro. Enfin, l'impact retardé des hausses de taux ainsi que le resserrement des politiques budgétaires (particulièrement en zone euro) devraient peser sur la croissance. Cependant, le repli de l'inflation dans un contexte de croissance des salaires toujours élevée devrait redonner des gains de pouvoir d'achat aux ménages, permettant, a priori, un atterrissage en douceur de l'économie américaine et un maintien de la zone euro sur un rythme faible.

Le maintien de taux réels élevés

Le pic de l'inflation semble bien dépassé, l'inflation totale ayant retrouvé des niveaux proches de 3% sur un an aux Etats-Unis et en zone euro (contre des pics à près de 9% et plus de 10% respectivement). L'inflation sous-jacente a également reflué mais plus modérément (autour de 4% à 4,5% sur un an). Compte tenu de l'évolution favorable des prix de l'énergie et de la modération des salaires, cette tendance devrait se poursuivre en 2024. Dans ce contexte, les principales banques centrales semblent bien avoir terminé leur cycle de resserrement monétaire. Elles pourraient même commencer à baisser leur taux à partir du milieu de l'année 2024 - dans la mesure où le repli de l'inflation sous-jacente est confirmé. Néanmoins, il est probable que la baisse des taux soit graduelle et modérée (en contraste avec le cycle de hausse rapide), avec des taux d'intérêts réels (déflatés de l'inflation) qui se maintiendront à des niveaux nettement supérieurs à ceux d'avant la crise du covid.

Une forte diversification face à l’incertitude

Le contexte paraît particulièrement porteur sur le marché de la dette d’entreprises bien notées, dans un contexte où les bilans des entreprises restent sains et les rendements attractifs. Au-delà de ce renforcement, un positionnement global très diversifié, qui permet de bénéficier de la dynamique favorable des marchés actions, tout en offrant une certaine protection en cas de nouvelles turbulences, demeure un choix pertinent. Les marchés actions américains, qui devraient bénéficier des perspectives d’activité plus favorables, restent à privilégier. Enfin, un positionnement neutre sur le dollar face aux principales devises semble judicieux car des écarts spécifiques de taux d’intérêt semblent peu probables.

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