L’activité résiste mais s’essouffle

Clémentine Gallès, Société Générale Private Banking

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La bonne tenue des marchés du travail et le tassement de l’inflation atténueront le ralentissement occidental, en particulier outre-Atlantique.

Les économies développées continueront de ralentir au cours des prochains trimestres du fait de la normalisation des politiques budgétaires et de l’impact retardé des resserrements des politiques monétaires. L’ajustement restera cependant modéré par la résistance des marchés du travail ainsi que le tassement de l’inflation qui redonnera du pouvoir d’achat aux ménages. L’économie américaine continuera d’afficher une plus grande résistance par rapport aux économies européennes. Dans ce contexte, un positionnement toujours très diversifié entre actions et obligations, avec une surpondération aux marchés américains ainsi qu’aux marchés de dette d’entreprises bien notées, apparaît comme un choix pertinent.

Robustesse américaine

L’économie américaine fait preuve d’une très bonne résistance à la hausse des taux directeurs, en raison des bilans solides des entreprises et des ménages. Néanmoins, des signes de tassement ont commencé à émerger (modération des créations d’emplois et des salaires notamment) et devraient s’intensifier dans les mois à venir. En effet, alors que le taux d’épargne est déjà bien inférieur au niveau pré-Covid, la politique budgétaire sera plus restrictive en 2024, s’ajoutant au resserrement monétaire. Une récession de l’économie américaine ne paraît toutefois pas inéluctable.

Les risques sur l’inflation demeurent orientés à la hausse, compte tenu du rebond des prix du pétrole et des tensions persistantes sur le marché du travail.
Plus grande vulnérabilité des économies européennes

Bien que ses fondamentaux soient également robustes, la zone euro apparaît plus vulnérable que les Etats-Unis. Tout d’abord, les profits des entreprises, bien qu’élevés, pourraient souffrir à la fois de la hausse des taux et du moindre effet d’aubaine permis par l’inflation dans certains secteurs. Ensuite, l’excès d’épargne des ménages a été placé dans des actifs peu liquides (immobilier surtout) et est donc peu mobilisable pour soutenir la reprise de la consommation.

De plus, les risques sur l’inflation demeurent orientés à la hausse, compte tenu du rebond des prix du pétrole et des tensions persistantes sur le marché du travail. Enfin, la hausse du service de la dette ajoutera à la pression sur les finances publiques. Toujours en Europe, l’économie britannique apparaît encore plus vulnérable à la hausse des taux d’intérêt, du fait de la prédominance des prêts hypothécaires à taux variables.

Des économies asiatiques à deux vitesses

En Asie, l’économie chinoise reste à la peine, compte tenu de la fragilité structurelle du marché immobilier local, d’une baisse de la demande externe et de la poursuite de la politique de rééquilibrage de la croissance. A l’inverse, l’économie japonaise a surpris positivement récemment.

Banques centrales: le pic mais pas le pivot

Malgré la hausse des prix du pétrole, les données d’inflation ont plutôt été mieux orientées qu’attendu. Une poursuite du repli de l’inflation sous-jacente (hors énergie et alimentaire) est probable en raison du repli des loyers aux Etats-Unis ainsi que de la baisse des prix des biens et du début de la modération des prix des services en Europe. Dans ce contexte, les principales banques centrales semblent en avoir terminé avec leurs cycles de hausse de taux mais elles devraient conserver un ton restrictif et continuer de signaler que les taux resteront élevés pour longtemps. La Banque du Japon est à rebours de ces développements et pourrait annoncer une sortie de sa politique non conventionnelle de taux négatif et de contrôle de la courbe de taux.

Un positionnement équilibré et orienté vers les marchés américains

Un positionnement global très diversifié devrait permettre de bénéficier de la dynamique des marchés actions, favorable depuis le début de l’année et qui offre une certaine protection en cas de nouvelles turbulences. Dans cette optique, il semble intéressant de continuer à privilégier les marchés américains, qui devraient bénéficier de perspectives d’activité plus favorables, tout en surpondérant les obligations d’entreprises bien notées afin de bénéficier de portage attractif.

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