En attendant la pause des banques centrales

Clémentine Gallès, Société Générale Private Banking

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Actions européennes, marchés obligataires de l’État américain et d’entreprises bien notées, semblent pertinents.

Les dernières statistiques ont montré une activité un peu moins favorable ainsi qu’une nette détente de l’inflation totale. Ce contexte permet d’anticiper la fin proche des hausses de taux des banques centrales. Le scénario possible de maintien d’une croissance modérée et de tensions inflationnistes sous-jacentes encouragerait cependant les banques centrales à maintenir leurs taux à des niveaux élevés au cours des prochains mois. Dans ce contexte, un positionnement stratégique équilibré entre actions et obligations, avec des choix géographiques marqué au sein des classes d’actifs, apparaît comme l’option à privilégier.

Une activité un peu moins favorable, sans remise en cause du scénario d’une croissance modérée d’ici la fin d’année. Les données récentes montrent une dynamique un peu moins positive de l’activité économique. Tout d’abord, en Chine, la reprise reste fragile et ne joue pas entièrement le rôle d’entraînement qui était attendu au niveau mondial. Aux Etats-Unis, les dernières enquêtes montrent un tassement du côté des secteurs des services, alors que l’activité dans l’industrie reste plutôt dégradée. En Zone euro, la révision de données allemandes montre que la région a connu une récession technique entre le T4.2022 et le T1.2023, conséquence des tensions fortes sur le gaz l’automne dernier. Si l’inflation et les resserrements monétaires continueront de freiner la demande dans les économies développées, différents facteurs restent en soutien. En effet, l’embellie des marchés du travail soutiendra les revenus, ainsi que la baisse de l’inflation, tandis que l’épargne des ménages et des entreprises continue de jouer un vrai rôle d’amortisseur. Ainsi, les dernières données restent globalement cohérentes avec le scénario de poursuite d’une croissance positive mais modérée.

Le maintien d’un positionnement équilibré entre actions et obligations permet de bénéficier du momentum favorable sur les marchés actions.

Des banques centrales qui resteront vigilantes. L’inflation totale continue de baisser aux États-Unis (à 4% en mai) et en Zone euro (à 6,1%). Cette tendance pourrait s’accélérer dans les mois qui viennent avec la modération des prix de production, notamment les prix de l’énergie. Cependant, l’inflation sous-jacente (5,3% pour les Etats-Unis et pour la Zone euro) reste élevée et mettra du temps à retrouver un niveau jugé confortable par les banques centrales. Le Royaume-Uni se distingue par une inflation totale et sous-jacente qui restent élevées (8,7% et 6,8% en mai respectivement). Le dynamisme des marchés du travail encourage la croissance des salaires, alors que les gains de productivité restent très faibles, propageant ainsi les tensions sur les prix. Le dynamisme des marges des entreprises semble aussi entretenir les tensions sur les prix de vente. Dans ce contexte, les banques centrales semblent proches de la fin de leur cycle de resserrement marqué (+500 pb déjà mis en place pour la Fed, +374 pour la BCE et bientôt +450 pour la BOE). Elles adopteront ensuite une position attentiste, tant que l’inflation sous-jacente ne montrera pas de signe clair de diminution.

Le maintien d’un positionnement équilibré entre actions et obligations permet de bénéficier du momentum favorable sur les marchés actions. Un positionnement global très diversifié permet de bénéficier de la dynamique favorable des marchés actions depuis le début de l’année, tout en offrant une certaine protection en cas de nouvelles turbulences. Au sein de l’exposition actions, les actions européennes apparaissent comme un choix judicieux puisqu’elles continuent de bénéficier d’une dynamique plus favorable en matière de bénéfices et d’être plus attractives du point de vue de la valorisation. Enfin, compte tenu de l’attractivité des rendements que proposent les marchés obligataires d’État américain et la dette d’entreprises bien notées, une surexposition à ces classes d’actifs demeure pertinente.

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