Pourquoi le taux 10 ans américain a atteint les 5%?

Arthur Jurus, ODDO BHF

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L'ampleur du resserrement monétaire observé devrait conduire à un épisode récessionniste.

Les taux 10 ans américains ont tutoyé les 5% la semaine dernière. L'augmentation est désormais de 50 points de base depuis la dernière réunion de la Fed. Cela devrait favoriser un nouveau statu-quo de la Fed cette semaine car les conditions financières se restreignent d'elles-mêmes. Plusieurs raisons sont évoquées pour justifier ce nouveau regain sur les taux.

Selon les analystes, le resserrement monétaire, la fragilité de l’immobilier commercial, la réémergence du stress bancaire, et les tensions sur la liquidité des Treasuries se sont renforcés ces 6 derniers mois. Plus récemment, la croissance de l'activité plus forte qu'attendu, une consommation toujours élevé et un marché de l'emploi toujours au plein-emploi expliquent cette dynamique. Les surprises économiques ont été globalement positives la semaine dernière.

La Fed a élaboré un nouvel indice des conditions financières qui vise à déterminer une relation entre l'ampleur du resserrement monétaire et la croissance de l'activité sur 1 an et 3 ans.

Selon les investisseurs, les appréhensions persistent concernant la stabilité financière. Une dégradation si rapide du marché obligataire n'avait pas été observé depuis le «choc Volcker» au début des années 1980. La volatilité sur le marché obligataire a retrouvé ses niveaux de mars 2023 lors de la faillite de la Silicon Valley Bank. Selon la BIS, cet environnement tend à accentuer les baisses des prix obligataires en augmente les positions des hedge funds.

Pour réconcilier ces deux vues, la Fed a élaboré un nouvel indice des conditions financières qui vise à déterminer une relation entre l'ampleur du resserrement monétaire et la croissance de l'activité sur 1 an et 3 ans. Sans surprise et compte-tenu des épisodes passés, l'ampleur du resserrement monétaire observé devrait conduire à un épisode récessionniste. C'est un scénario de nouveau sous-estimé par les investisseurs qui anticipent seulement un ralentissement plus marqué de la croissance de l'activité en 2024.

Dans ces deux scénarios, les implications restent identiques pour préserver le capital. L’investisseur devrait sous-pondérer les actions, maintenir un biais défensif, augmenter progressivement les durations moyennes des portefeuilles et privilégier le crédit des entreprises de bonne notation.

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