Actions: la prudence est toujours de mise

Arthur Jurus, ODDO BHF

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La Fed et la BCE devraient maintenir leurs taux directeurs à leur niveau actuel pendant un certain temps.

Les premières entreprises américaines ont publié leurs résultats financiers pour le troisième trimestre et de nombreuses entreprises européennes le feront bientôt. Après une baisse de 4,1% sur un an au deuxième trimestre 2023, les bénéfices des entreprises du S&P 500 devraient augmenter de 0,4% au troisième trimestre. En Europe, les entreprises de l'indice Euro Stoxx pourraient ainsi voir leurs bénéfices baisser de 6,1% au troisième trimestre, après une chute de 12,2% au trimestre précédent.
 
Parmi les entreprises américaines ayant publié leurs résultats la semaine dernière, Bank of America et BNY Mellon ont dépassé les attentes, tandis que Goldman Sachs a enregistré des résultats inférieurs aux prévisions – à la surprise générale. En Europe, le géant du luxe LVMH a annoncé une hausse de 9% de ses ventes, à près de 20 milliards d'euros, au troisième trimestre 2023. Plusieurs banques, dont UBS et JP Morgan, ont légèrement abaissé leurs objectifs de cours pour les actions LVMH, tout en réitérant leurs vues fondamentalement positives. En Allemagne, l'éditeur de logiciels d'entreprise SAP a publié une hausse de son chiffre d'affaires de 4% à 7,7 milliards d'euros au troisième trimestre, ainsi qu’une amélioration de son bénéfice d'exploitation de 16% sur un an à 2,3 milliards d'euros - ce qui a surpris positivement les investisseurs.

Il faut néanmoins veiller à ne pas se laisser influencer par les nouvelles positives concernant les bénéfices et à ne pas laisser les changements à court terme influencer notre stratégie d'investissement à long et à moyen terme. A l'heure actuelle, deux convictions principales guident nos investissements en actions.

Notre première conviction est que l'environnement macroéconomique pèse lourdement sur les entreprises. La croissance des ventes s'essouffle et les marges bénéficiaires se réduisent. L'inflation réduit les marges dans de nombreux secteurs. Les salaires augmentent alors même que les coûts d'emprunt pèsent plus lourdement sur les entreprises que par le passé. Les prix élevés de l'énergie réduisent également les bénéfices.

Notre seconde conviction est que les entreprises ne sont pas toutes touchées de la même manière. L'impact de la hausse des coûts de l'énergie, par exemple, dépend largement du modèle économique de l'entreprise. Certains secteurs, comme l'immobilier, fonctionnent structurellement avec des niveaux d'endettement élevés, ce qui les rend davantage vulnérables à la forte hausse des taux d'intérêt. Cela confirme notre conviction que les investisseurs devraient éviter les entreprises fortement endettées. Nous voyons actuellement des opportunités intéressantes sur le marché des obligations d'entreprises, où les rendements dépassent enfin l'inflation.

Nous restons donc sous-pondérés sur les actions. Nous considérons également que la Fed et la BCE maintiendront leurs taux directeurs à leur niveau actuel pendant un certain temps. Nous prévoyons que les premières baisses de taux interviendront au plus tôt au second semestre de l'année prochaine. Enfin, les tensions géopolitiques - non seulement la guerre en Ukraine, mais aussi la récente flambée du conflit au Moyen-Orient - créent également plus d'incertitude, ce qui tend à faire augmenter les primes de risque des actions. Il s'agit là d'une raison supplémentaire de faire preuve de prudence, selon nous. En tant qu'investisseurs à long terme, nous prévoyons d'attendre que les valorisations aient baissé de 5 à 10% avant d'augmenter notre exposition aux actions.

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