De la résilience des actions

Steven Bell, BMO Global Asset Management

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Les actifs risqués semblent encore prêts à surperformer à long terme malgré des eaux plutôt agitées.

©Keystone

Les derniers jours n’ont pas été faciles pour le marché des actions qui a dû faire face à une augmentation rapide des rendements obligataires. Il y a quelques semaines à peine, la Réserve Fédérale américaine qualifiait l’inflation de «transitoire» et insistait sur le fait qu’elle allait maintenir une politique monétaire accommodante. Mais, peu après avoir été reconduit dans ses fonctions, son président Jerome Powell a choisi de retirer le terme de «transitoire» et la rhétorique de la Fed a pris un tournant résolument plus ferme. Son comité a même abordé la question d’un resserrement quantitatif, impliquant ainsi de réduire la réserve de titres obligataires accumulée dans le cadre de sa politique de rachats. 

Entre vents contraires et accalmie

Le marché prévoit désormais une première hausse des taux en mars, suivie de plusieurs autres hausses par la suite. Pour la première fois depuis de nombreux mois, la Réserve fédérale et les marchés semblent avoir une vision réaliste des perspectives de resserrement monétaire. En ce sens, le vent contraire provoqué par la hausse des rendements obligataires a été prise en compte par le marché. 

Le monde va cohabiter avec le COVID et une répétition des récentes restrictions imposées en Europe du Nord ne devrait pas être nécessaire.

Dans le même temps, les craintes que la diffusion du variant Omicron ne vienne freiner la reprise économique mondiale ont été apaisées. Certes, ce dernier variant se révèle bien plus transmissible que les précédents, mais il provoque des effets moins graves sur la santé des personnes infectées et les hospitalisations en sont sensiblement réduites. En outre, de nouveaux médicaments antiviraux devraient encore réduire le risque d’apparition de symptômes graves chez les personnes les plus vulnérables. Tout ceci suggère que le monde va cohabiter avec le COVID et qu’une répétition des récentes restrictions imposées en Europe du Nord ne devrait pas être nécessaire. La peur provoquée par Omicron aura cependant eu son impact, aussi bien sur le chômage au Royaume-Uni que sur les ventes au détail aux Etats-Unis.

Des horizons plus dégagés que d’autres

Ces effets sont cependant temporaires et la croissance devrait s’accélérer à l’approche du printemps. Les finances des consommateurs sont saines et, malgré le resserrement de la politique fiscale aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, ces derniers peuvent compter sur des liquidités importantes issues des différents programmes de soutien budgétaire des derniers mois qui, au lieu d’être dépensées, ont été transformées en épargne. Les entreprises, elles aussi, disposent de liquidités abondantes et sont en train d’augmenter leurs dépenses d’investissement, leurs dividendes et leurs rachats d’actions. Le bond dans la production de semi-conducteurs en Asie et l’amélioration des délais de livraison de la part des fournisseurs indiquent clairement que les perturbations des chaînes d’approvisionnement sont en train de s’atténuer. De quoi laisser présager une augmentation de la production dans les mois à venir. 

Avec des rendements obligataires en hausse, il est difficile de s’attendre à ce que les actions reproduisent leurs performances de l’année dernière. Ces dernières devraient cependant pouvoir générer des rendements supérieurs à ceux des liquidités et des obligations sur les marchés développés. Les marchés émergents, eux, sont confrontés à un environnement plus hostile. La Chine, qui doit accueillir les prochains Jeux Olympiques d’hiver, est en train de fermer un certain nombre de ses industries polluantes à proximité des sites des compétitions. La politique chinoise de «zéro tolérance» à l’égard du COVID-19 pourrait également provoquer un affaiblissement de son économie, surtout si elle devait se maintenir au-delà du Nouvel An lunaire. D’autres marchés émergents pourraient également se trouver en difficulté face au relèvement des taux d’intérêt américains.

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