Les taux grimpent

César Pérez Ruiz, Pictet Wealth Management

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La Fed continuera à relever ses taux… mais les banques centrales deviennent plus prudentes. Pleins feux sur les élections américaines de mi-mandat.

Sans surprise, la Fed a relevé ses taux directeurs de 75 pb la semaine dernière. Mais si son président, Jerome Powell, a évoqué un ralentissement du resserrement monétaire, il a également laissé entendre que le taux final des Fed Funds – estimé à 4,6% dans la trajectoire en pointillés de la banque centrale – pourrait être revu à la hausse (le marché anticipe actuellement un taux final proche de 5,2% à la mi-2023). Le processus de hausse des taux pourrait donc être plus lent, mais aussi plus long, tout en visant plus haut. De son côté, la Banque d’Angleterre a également relevé son taux directeur de 75 pb pour le porter à 3,0%, tandis que l’inflation globale atteignait un taux annuel de 10,7% en octobre en zone euro (contre 10% le mois précédent). La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a estimé que la récession ne suffirait peut-être pas à juguler l’inflation, ce qui laisse présager d’un nouveau durcissement. Nous sous-pondérons donc la dette des pays les plus vulnérables de la zone euro.

Pénalisées par de nouvelles déceptions concernant les bénéfices et des révisions à la baisse pour l’exercice 2023, les actions ont enregistré une performance mitigée la semaine dernière. Aux Etats-Unis, la hausse du chômage et la progression plus lente du salaire horaire moyen ont effacé une partie des gains engrangés la semaine dernière par le dollar. Dans un contexte globalement décevant, le secteur pétrolier a affiché de solides bénéfices, permettant aux entreprises d’accroître les versements de dividendes et les rachats d’actions. Nous sommes dès lors positifs à l’égard du secteur pétrolier.

Les indices des directeurs d’achat dressent un tableau contrasté de l’activité en Asie. Les marchés actions asiatiques ont néanmoins progressé la semaine dernière (le MSCI China a bondi de 11% en USD), sur fond de rumeurs suggérant que la politique «zéro covid» était sur le point d’être assouplie en Chine. Malheureusement, le Conseil des affaires de l’Etat a anéanti ces espoirs d’assouplissement. Le succès de KKR, qui est parvenu à lever environ 6 milliards de dollars pour son deuxième fonds d’infrastructures dans la région Asie-Pacifique, a permis de confirmer notre confiance dans les actifs privés. La visite d’une journée (!) du chancelier Olaf Scholz en Chine a montré à quel point l’avenir économique de l’Allemagne était lié à celui de la Chine. Elle a également fait craindre que Berlin privilégie ses propres intérêts par rapport à ceux de l’Europe tout entière. Il faut néanmoins saluer la déclaration conjointe d’Olaf Scholz et de Xi Jinping contre l’utilisation d’armes nucléaires en Ukraine, qui vise à prévenir un événement porteur de risques extrêmes.

Le Brésil présente des fondamentaux économiques solides, mais son déficit chronique de la balance courante et sa dette publique élevée limitent la marge de manœuvre du nouveau gouvernement de Lula da Silva, qui devra composer avec un Congrès divisé et orienté à droite. Le potentiel haussier du real brésilien nous paraît limité. Les élections américaines de mi-mandat seront le point d’orgue de la semaine, tandis que les électeurs se focalisent sur l’acronyme «SAFE» («security, affordability, fairness and education» – soit «sécurité, accessibilité, équité et éducation»). En position vulnérable, les Démocrates espèrent que les électeurs feront confiance aux déclarations de l’administration Biden, même si elles contredisent leurs observations. Lors de la COP27, organisée cette semaine en Egypte, les pays riches seront appelés à accompagner les économies émergentes dans la transition vers les énergies renouvelables.

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