Retour à Jackson Hole

César Pérez Ruiz, Pictet Wealth Management

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Le positionnement agressif de la Fed est confirmé par son président. L’Europe fait face à l’inflation et aux perspectives de ralentissement. Le gouvernement chinois est au chevet d’une économie chancelante.

Bien que les prix à la consommation hors alimentation et énergie (indice PCE «core») ainsi que les revenus et dépenses des ménages aient progressé moins vite qu’anticipé, le président de la Fed, dans son discours de Jackson Hole, a annoncé le maintien d’une politique monétaire agressive. La principale conclusion de ce discours est que la Fed poursuivra ses efforts visant à juguler l’inflation, même si cela doit se faire au détriment de la croissance. Jerome Powell ciblait peut-être principalement les opérateurs du marché monétaire, qui anticipent des baisses de taux dès 2023. Nous surveillerons donc attentivement les chiffres de l’emploi aux Etats-Unis, publiés vendredi. Alors que les actions ont chuté dans le sillage de ce discours, la réaction des obligations a été plus modérée, la hausse des taux se limitant à l’extrémité courte de la courbe. Cela étant, le programme d’annulation des prêts étudiants du président Joe Biden, que certains considèrent comme inflationniste, pourrait renforcer la détermination de la Fed.

En Europe, Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, a appelé à une action énergique pour faire reculer l’inflation. Une hausse de 75 points de base des taux d’intérêt de la BCE en septembre ne peut dès lors être exclue, bien que l’économie européenne montre déjà des signes de faiblesse. L’envolée des prix de l’énergie n’a quant à elle connu aucun répit, avant la fermeture pendant trois jours du gazoduc Nord Stream 1 pour «maintenance». Nous surveillerons les chiffres de l’inflation européenne, attendus dans la semaine. Les indices préliminaires des directeurs d’achat de la zone euro pour le mois d’août ont reflété une baisse d’activité pour le deuxième mois consécutif, malgré l’impact positif des vacances d’été sur les services. L’euro a atteint un plancher de plusieurs années par rapport au dollar la semaine dernière. Au Royaume-Uni, la hausse des factures d’énergie plombe le budget des consommateurs. Et cela pourrait contraindre le nouveau Premier ministre à renforcer les mesures de soutien, mais aussi inciter la Banque d’Angleterre (BoE) à durcir sa politique, même si le pays entre en récession, comme nous l’anticipons. Au mois de septembre, la BoE annoncera probablement des ventes actives d’obligations d’Etat (elle détient 35% du total des Gilts en circulation). Nous tablons sur une inversion accrue du segment 2 ans/10 ans de la courbe des taux britanniques si le marché anticipe une récession sévère et prolongée.

De son côté, la Chine semble menacée par la déflation. Le gouvernement a annoncé la semaine dernière de nouvelles mesures de relance budgétaire, incluant de nouveaux quotas de financement pour les banques publiques (RMB 300 milliards), une augmentation des émissions d’obligations spéciales des collectivités locales (RMB 500 milliards) et de nouvelles émissions des producteurs d’électricité publics (RMB 200 milliards). Cependant, si les récents plans budgétaires soutiennent le secteur des infrastructures, l’ampleur des mesures adoptées à ce stade paraît insuffisante pour compenser entièrement le ralentissement de la dynamique économique. Nous tablons toujours sur une croissance du PIB chinois de 3,2% en 2022. Les actions chinoises ont progressé la semaine dernière, les Etats-Unis et la Chine ayant conclu un accord sur l’audit des entreprises chinoises cotées aux Etats-Unis. Cette évolution est de bon augure pour les actions chinoises, face auxquelles nous sommes neutres. Ailleurs dans le monde, le Japon s’apprête à relancer ses centrales nucléaires.

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