Les obligations d’entreprises européennes regagnent en attrait

Yves Hulmann

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Selon Josef Helmes d’abrdn, les services aux collectivités, les télécoms et les banques offrent à nouveau des valorisations attrayantes.

La forte remontée des taux d’intérêt en 2022 n’a pas épargné les marchés obligataires. Quels que soient les indices et les segments concernés, les grands indices obligataires affichent souvent des reculs situés entre 15 et 20% sur les neuf premiers mois de l’année. La guerre en Ukraine, l’inflation et des banques centrales très «faucons» ont créé la «tempête parfaite» pour les obligations, constate le gérant d’actifs abrdn lors d’un entretien consacré au marché du crédit. Faut-il pour autant se détourner de cette classe d’actifs? Ce n’est pas l’avis de Josef Helmes, gérant de portefeuille pour les mandats de crédit européens chez abrdn. Bien au contraire, plusieurs segments spécifiques comme les services aux collectivités («utilities»), le secteur des télécoms et même les banques européennes affichent des valorisations attrayantes actuellement.

La BCE terminera son cycle de hausse des taux actuel à la mi-2023

Reste à savoir comment l’inflation continuera d’évoluer ces prochains mois. A cet égard, l’inflation sous-jacente se montre tenace, observe Josef Helmes. La pression sur les salaires reste élevée et les problèmes liés aux chaînes d’approvisionnement n’ont pas disparu, constate-t-il. Les taux d’intérêt dans la zone euro vont continuer à augmenter tant que l’inflation reste élevée. La Banque centrale européenne (BCE) va procéder de nouveaux tours de vis, anticipait le gérant lors d’un entretien à la mi-octobre. Pour abrdn, les taux d’intérêt à long terme devraient atteindre leur plus haut niveau au cours du quatrième trimestre ou durant le premier trimestre de l’an prochain. La BCE, qui a relevé jeudi ses taux directeurs de 75 points de base, devrait procéder à sa dernière hausse de taux dans le cycle actuel à la mi-2023, dès lors qu’une économie affaiblie réduira les pressions inflationnistes. Les marchés anticipaient à fin septembre que la BCE porte ses taux à 3%, la Fed à 4,5% et la Banque d’Angleterre à 6% au cours des 12 prochains mois.

Que cela signifie-t-il pour les obligations d’entreprise européennes? Les rendements pour les emprunts de catégorie investissement («Investment Grade») en Europe, qui évoluent à leur plus haut niveau depuis dix ans, vont à nouveau bénéficier d’afflux dès lors que les taux d’intérêts et les écarts de taux («spreads») se stabiliseront. Les spreads pour les obligations d’entreprise européennes se sont nettement davantage creusés qu’aux Etats-Unis, relève également Josef Helmes. Il observe que ces écarts se sont également fortement creusés pour les emprunts d’Etat, alors que des outils ont été mis en place comme les instruments anti-fragmentation destinés à limiter les écarts de taux entre des pays comme l’Italie et l’Allemagne.

Une récession moyenne à légère attendue en Europe

Selon l’expert, les spreads, à leurs niveaux actuels, intègrent dans leur prix une récession moyenne à légère en Europe. Les rendements obtenus dans le domaine des emprunts sont souvent les plus élevés après que l’on ait atteint le milieu d’une récession. S’il surpondère le crédit actuellement, il estime qu’il vaut mieux se concentrer sur les émetteurs de qualité et éviter les secteurs trop cycliques. Par branches, le secteur des services aux collectivités («utilities» en anglais) régulés apparaît attrayant actuellement, tout comme celui du secteur des énergies renouvelables par exemple. Il en va de même pour les entreprises actives dans les télécommunications (TMT).

Les banques européennes ont nettoyé leur bilan

De manière plus inattendue, les perspectives apparaissent également positives pour les banques européennes en dépit des vents contraires que l’économie doit affronter. Le secteur bancaire se trouve dans une situation beaucoup plus favorable que lors de la crise financière globale de 2008. Les banques ont nettoyé leurs bilans et disposent de capitaux excédentaires. Elles ont aussi réduit les prêts à risque. En outre, la hausse des taux d’intérêt apporte un soutien à la rentabilité des établissements bancaires européens. En fin de compte, le changement de niveau des taux d’intérêt est positif, en particulier pour le secteur bancaire européen, estime Josef Helmes.

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