Infrastructures: les atouts des actifs modestes

Julien Boissier, abrdn

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Les services aux collectivités, les réseaux de fibre et les centrales d’énergie renouvelable peuvent être gérés par des acteurs de petite taille.

Les chocs macroéconomiques récents et les retombées de la pandémie ont mis en lumière les atouts de la classe d’actifs des infrastructures. Les actifs d’infrastructure englobent plusieurs secteurs, souvent caractérisés par des barrières importantes à l’entrée et des positions dominantes sur le marché. Ces actifs fournissent souvent des services publics essentiels qui sont adossés à des réglementations ou à des contrats de longue durée, ce qui favorise leurs caractéristiques défensives et leur permet de générer des rendements de long terme intéressants par rapport aux autres actifs alternatifs. L’on constate un intérêt croissant pour les infrastructures essentielles alors que la classe d’actifs commence à arriver à maturité. Les risques et les stratégies des infrastructures sont désormais mieux compris par les investisseurs, ce qui renforce leur attractivité.

Les atouts des actifs plus modestes

L’augmentation de la demande des investisseurs pour les infrastructures s’est traduite par une hausse des afflux de capitaux investis dans la classe d’actifs ces dernières années. Les gérants ont suivi les tendances du marché et lèvent à présent plus de fonds pour répondre à la demande, ce qui entraîne une saturation sur le haut du marché, qui cible les actifs plus grands (plus de 1 milliard d’euros de valeur). Nous avons une préférence pour les projets d’infrastructure dans les segments petit et intermédiaire du marché, avec des valeurs inférieures ou égales à 500 millions d’euros. Ce segment est moins concurrentiel car les transactions sont généralement plus complexes.

Une stratégie de long terme permet de devenir un partenaire de choix pour les collectivités locales.

Il y a un grand nombre de parties prenantes, notamment les collectivités locales, les utilisateurs finaux et les salariés, à prendre en considération au moment de réaliser une transaction sur le segment petit et intermédiaire. Sachant que nous sommes partisans d’une vision à long terme, qui nous permet d’évaluer et de gérer les cycles économiques, nous sommes en mesure de comprendre et de satisfaire les besoins de nos différentes parties prenantes.

Nous sommes en mesure de comprendre et de satisfaire les besoins de nos différentes parties prenantes.

Les petits actifs se marient bien avec les infrastructures «core»

La plupart des actifs d’infrastructure essentiels ne sont pas de grande taille. Par exemple, les services aux collectivités, les réseaux de fibre et les centrales d’énergie renouvelable peuvent être gérés par des investisseurs disposant d’une stratégie adaptée aux petits marchés et aux marchés intermédiaires.

Une stratégie de long terme permet de devenir un partenaire de choix pour les collectivités locales. Citons notamment la société finlandaise de chauffage local (Riihimäen Kaukolämpö Oy) et une compagnie d’énergie publique régionale finlandaise (Outokummun Energia Oy). Ces investissements démontrent que le fait de travailler avec les gouvernements locaux permet d’améliorer les collectivités locales et au-delà. Pour ce faire, il faut nouer des liens avec les clients des réseaux et faire en sorte que les utilisateurs finaux aient accès à une électricité et un chauffage durables. Une approche flexible en matière de gouvernance, dans laquelle on  peut être à tour de rôle actionnaire minoritaire et majoritaire, donne plus de possibilités aux gouvernements dans le choix d’un partenaire sur le long terme.

Gestion sur le terrain des actifs

Les infrastructures essentielles peuvent avoir un impact sur les gouvernements locaux et les parties prenantes, compte tenu du degré d’imbrication des projets dans les collectivités locales. Ces actifs sont aussi généralement plus rentables et moins risqués pour les investisseurs car ils nécessitent une gestion des actifs plus importante. Nous pouvons par exemple faciliter des améliorations opérationnelles, comme les processus de reporting et mettre en place notre cadre ESG et durabilité. Nous pouvons le faire dans les petites entreprises en collaborant étroitement avec les directions, les parties prenantes locales et nos partenaires expérimentés locaux. La gestion pratique des actifs peut aussi aider les équipes de direction à faire croître leur entreprise. En déployant le capital, nous pouvons aider les entreprises à atteindre leurs objectifs de long terme à travers la croissance organique et inorganique. Notre investissement dans Auris Energy en Finlande est un bon exemple de ce partenariat. À ce jour, la société a réalisé 13 acquisitions organiques créatrices de valeur dans le secteur de l’énergie (notamment des entreprises spécialisées dans les pompes à chaleur, la distribution de gaz réglementée et la vente au détail) qui ont contribué à façonner et à définir la stratégie de long terme de l’entreprise et lui permettre d’être bien placée pour l’avenir.

Privilégier le long terme

Les dernières tendances ont montré que la plupart des fonds ont opté pour des stratégies de court terme et vendent des actifs au bout de quelques années. Une approche de plus long terme de la gestion des actifs suppose de conserver nos investissements plus longtemps, pendant au moins 10 ans.

Participer aux opérations avant de se charger de la gestion des actifs est préférable. Cela garantit une certaine continuité tout en permettant d’y voir plus clair sur le cycle de vie d’un investissement, ce qui permet d’atteindre nos objectifs et de mettre en œuvre des stratégies appropriées.

La demande d’infrastructures essentielles restera forte et il faut continuer de rechercher des opportunités dans un large éventail de secteurs sur les segments petit et moyen du marché.

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