Les marchés tablent sur le statu quo de la Fed

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Il y a dix jours, le S&P 500 a atteint un sommet historique et les rendements US à dix ans ont baissé en dépit d'une nouvelle progression de l'inflation.

En mai, l'inflation des prix à la consommation aux Etats-Unis sur un an est ressortie à 5%. Il s'agit de la plus forte progression en glissement annuel depuis 2008. L'inflation sous-jacente (abstraction faite des prix de l'alimentation et de l'énergie) est ressortie à 3,8%, soit l’augmentation la plus rapide depuis 1992.

Malgré ces chiffres d'inflation plus élevés, les actions ont rebondi et les rendements obligataires ont diminué. Le S&P 500 a ainsi flirté avec son sommet historique. En parallèle le rendement nominal des bons du Trésor américain à dix ans a d’abord baissé de six points de base (pb) avant de rebondir légèrement.

Les actions ont sans doute encore une marge de progression et les secteurs cycliques comme l'énergie et la finance devraient surperformer.

Selon la Recherche d’UBS, cette réaction des marchés s'explique par divers facteurs.

  1. Une inflation passagère
    Ces chiffres confortent le point de vue de la Réserve fédérale (Fed), qui considère que l'inflation n'est pas généralisée et qu’elle sera probablement transitoire. Près des deux tiers de la hausse des prix observée en mai est imputable à certaines composantes, comme les véhicules d'occasion et les tarifs des compagnies aériennes, qui ne représentent que 14% de l'Indice des prix à la consommation (CPI).
    L'impact des effets de base, notamment pour les prix de l'énergie, s'atténuera dans les mois à venir. D'ici la fin de l'année, quand bien même le baril de Brent atteindrait le cours attendu par UBS de 75 dollars, l'influence directe des prix du pétrole sur l'inflation des prix à la consommation aux Etats-Unis sera quasiment divisée par deux.
    Le redressement de l'activité dans le secteur tertiaire grâce au déconfinement pourrait également atténuer la pression inflationniste chez les bénéficiaires du confinement comme les magasins d'ameublement, ainsi que sur les prix des voitures et des articles récréatifs.
     
  2. Le marché semble faire confiance à la Fed
    Le jour de la publication d'une inflation à 4,2% en avril, les rendements réels ont augmenté de 5 points de base (pb). Les investisseurs ont redouté un resserrement monétaire plus précoce que prévu par la Réserve fédérale. Depuis lors, les responsables de la Fed ont martelé leur message, à savoir qu'ils feraient abstraction d'un pic d'inflation transitoire.
    En revanche, les rendements réels ont diminué après la publication il y a dix jours des chiffres de l'inflation en mai.
     
  3. La création d’emploi, une condition sine qua non
    L'évolution du marché de l'emploi sera déterminante aux yeux des responsables de la Fed. Son président, Jerome Powell, a clairement indiqué qu'une nette amélioration en direction du plein-emploi était une condition préalable à une inflexion de la politique monétaire.
    Lorsque les créations d'emplois au mois de mars étaient estimées initialement à 916 000 postes, Jerome Powell avait déclaré: «Nous attendons une série de mois comme celui-ci pour commencer véritablement à entrevoir une progression vers nos objectifs.» Même si certains indicateurs du marché de l'emploi, comme le taux de démission et les données JOLTS (Job Openings and Labor Turnover Survey), témoignent d'une embellie, les créations d'emplois en avril et en mai n'ont pas atteint, loin s'en faut, le seuil du million espéré par la Fed.
    Avec la fin des allocations chômage exceptionnelles, la réouverture des écoles après l'été et l'avancement de la campagne de vaccination qui incitera les travailleurs les plus âgés à revenir sur le marché du travail, les créations d'emplois augmenteront certainement plus rapidement, mais pas avant plusieurs mois.
Privilégier les secteurs cycliques

La Recherche d’UBS, tout comme la Fed, pense que le regain d'inflation s'avérera transitoire. Les rendements américains à dix ans devraient repartir à la hausse avec le déconfinement total de l'économie et avec l'accélération des créations d'emplois. Ils se situeront probablement à 2% en fin d'année.

En outre, les actions ont sans doute encore une marge de progression et les secteurs cycliques comme l'énergie et la finance devraient surperformer.

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