La vigueur des marchés du travail a confirmé la résilience des économies développées vis-à-vis du resserrement des politiques monétaires, et semble propice à augmenter son exposition aux marchés actions. Les évolutions des salaires et de la productivité du travail resteront cependant clés pour permettre la détente de l’inflation, tout en préservant une certaine dynamique des marges des entreprises.
Des marchés du travail particulièrement dynamiques
Malgré les chocs successifs (COVID, guerre en Ukraine, etc.), l’emploi a nettement progressé aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en zone euro. Même si les situations et les explications diffèrent selon les pays, certains facteurs communs se dégagent. Tout d’abord, les soutiens budgétaires et monétaires ont préservé la bonne santé financière des entreprises et soutenu la demande qui leur a été adressée, les encourageant à accroître leurs ressources. En parallèle, le taux de participation aux marchés du travail a eu tendance à se réduire du fait de facteurs conjoncturels liés au COVID (contraintes sanitaires, résignation) et d’autres, plus structurels (contraintes sur les flux migratoires, vieillissement de la population). Les tensions impliquées, notamment dans certains secteurs, ont encouragé les entreprises à faire de la rétention de leurs salariés et ont plus globalement encouragé des tensions sur les salaires. Cette dynamique des marchés du travail est un facteur important de résilience des économies développées.
La solide tenue des marchés du travail semble aller dans le sens d’une bonne résistance des économies développées et donc de résultats positifs pour leurs entreprises.
Sur la période récente, la bonne tenue des marchés du travail s’est maintenue dans des contextes d’activité économique différenciés. Aux Etats-Unis, l’activité a continué d’être dynamique, tandis que les économies européennes ont nettement ralenti. Ainsi, la productivité du travail a tendance à progresser aux Etats-Unis, alors qu’elle tend à baisser en Europe. Le maintien d’une partie de ces écarts en matière de gains de productivité explique que l’économie américaine continuera de surperformer au cours des mois à venir. En Europe, l’activité resterait plus modérée.
Vers des politiques monétaires prudentes
L’évolution positive des marchés du travail a engendré une certaine tension sur les prix, notamment via les salaires. Cette tendance devrait se poursuivre aux Etats-Unis dans un contexte d’activité plus performante. En Europe, elle pourrait aussi se poursuivre, malgré une activité atone. En effet, si la productivité reste dégradée, les entreprises font face à des coûts du travail qui progressent, ce qui pourrait les inciter à vouloir augmenter leurs prix de vente.
Les perspectives en matière d’activité et d’inflation dépendront largement des dynamiques de l’emploi et de la productivité. Elles seront suivies de près par les banques centrales, qui resteront prudentes dans la détente de leur politique monétaire. Il est ainsi probable qu’elles entament leur cycle d’assouplissement monétaire de façon quasi-synchronisée au printemps et ne baissent que progressivement leurs taux en 2024.
Un climat a priori favorable aux marchés actions
La solide tenue des marchés du travail semble aller dans le sens d’une bonne résistance des économies développées et donc de résultats positifs pour leurs entreprises. Si ce scénario se vérifiait, les marchés actions de ces économies seraient orientés favorablement dans les mois à venir. Dans ce cas, les marchés américains conserveraient leur attrait du fait de la surperformance attendue de l’économie étasunienne et de la place significative qu’y occupe le secteur de l’Intelligence Artificielle, très porteur depuis plusieurs mois. Quant aux marchés actions européens, ils bénéficieraient toujours d’écarts de valorisation favorables et conserveraient ainsi une certaine attractivité. Par ailleurs, la défiance des investisseurs envers le marché actions chinois devrait perdurer du fait des difficultés économiques récurrentes du pays, entraînant dans son sillage les autres marchés émergents.
Enfin, une réallocation partielle de l’exposition à la dette d’entreprises bien notées en faveur des marchés actions permettrait aux investisseurs de suivre cette tendance et de profiter de la récente dynamique obligataire en concrétisant leurs gains.