Les investisseurs s'interrogent sur le risque chinois

François-Xavier Chauchat, Dorval Asset Management

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Le marché actions offshore chinois perd 40% sans remettre en question les fondamentaux de l’économie de l’empire du milieu.

© Keystone

Le stress des investisseurs est passé du variant Delta au marché chinois où la reprise en main de certains secteurs par le pouvoir pose question. L’ampleur de la baisse des actions chinoises offshore depuis février (-40%) témoigne cependant d’une prime de risque déjà très substantielle.

Depuis novembre 2020, les autorités chinoises déroulent un agenda de resserrement règlementaire autour des thèmes de l’anti-trust, de la finance, des données numériques et des inégalités. Après les monopoles numériques (Alibaba, Tencent, Meituan, Baidu) et la fintech (Ant Group), c’est au tour des sociétés d’écoles privées et de cours en ligne de subir les foudres du régulateur. Le pouvoir chinois est en train de définir un nouvel équilibre entre capitalisme financier et objectifs politiques et sociaux. Ce processus se déroulant dans un contexte de tensions politiques croissantes entre la Chine et l’Occident, et donc de méfiance, les gérants d’actifs se demandent quelle prime de risque appliquer aux actions chinoises.

Ce sont essentiellement les marchés «offshore» des actions chinoises qui ont souffert.

Pour le moment, ce sont essentiellement les marchés «offshore» des actions chinoises qui ont souffert. Les secteurs ciblés par le régulateur chinois y sont en effet beaucoup plus représentés que dans les indices «onshore». De plus, la structure juridique qui permet à ces sociétés d’être cotées hors de Chine – les VIE, pour «Variable Interest Entity» – pourrait, dans un scénario extrême, être remise en cause par les autorités chinoises.

Malgré ces risques, une stabilisation du marché chinois est possible. Comme l’indique la très forte baisse du marché des ADR chinois depuis février (-40%), la prime de risque est déjà largement ajustée, y compris dans les secteurs comme la santé où les analystes s’attendent à des nouvelles mesures règlementaires. De plus, de nombreux secteurs clés de la bourse chinoise, dont les semi-conducteurs, les logiciels ou encore l’automobile, ne sont pas concernés par l’offensive règlementaire. Au total, en incluant les entreprises contrôlées par l’Etat, c’est 75% de la capitalisation boursière chinoise qui, selon les calculs de Goldman Sachs, serait hors du champ des nouvelles ambitions des régulateurs. Il est aussi probable que les autorités chinoises vont, comme elles ont déjà commencé à le faire, tenter de calmer le jeu au moins à court terme pour éviter les risques de contagion à l’ensemble du marché. Enfin, ces forts mouvements du marché chinois n’ont aucun lien avec la dynamique économique chinoise, ce qui limite le potentiel de contagion de cette correction boursière.

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