Les incertitudes de 2024

Arthur Jurus, ODDO BHF

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Les investisseurs vont se concentrer sur de possibles baisses des taux par les banques centrales au deuxième et au troisième trimestre.

L’année économique 2023 aurait alterné entre surprises économiques positives et négatives. Parmi les surprises économiques positives, la résilience du consommateur américain, la reprise de l’activité chinoise, la bonne santé du marché du travail, la poursuite de la désinflation, la fin du durcissement monétaire dans la majorité des économies développées et la fin des perturbations logistiques peuvent être évoquées. Parmi les surprises économiques négatives, la poursuite des difficultés dans le secteur immobilier chinois, la crise des banques régionales américaines, la poursuite des hausses des taux longs, la baisse des taux de marge et les restrictions sur les crédits peuvent être évoquées.

La principale incertitude porte toujours sur le retour de l’inflation à 2%. Actuellement, la plupart des observateurs anticipent une inflation entre 2,5% et 3% en moyenne aux Etats-Unis et en Europe. Le cercle vicieux de l’inflation n’est pas encore terminé. L’inflation salariale persiste aux Etats-Unis et s’est mise en place dans la zone euro. Certaines composantes, notamment alimentaires et les loyers, ont une inflation supérieure à la moyenne des dépenses. Le pouvoir d’achat des consommateurs, principal moteur de nos économies, sera toujours sous pression en 2024.

Les entreprises de qualité disposant de cash, de peu de dettes et d’un positionnement concurrentiel renforcé par ces dernières années, seront les grandes gagnantes.

Pour l’investisseur, les implications sont importantes. Une inflation supérieure à 2% signifie des taux courts encore élevés en 2024. Les obligations souveraines mais surtout celles des entreprises sont très attractives et permettront d’apporter des revenus élevés pour, au moins, les 4 prochaines années. En revanche, l’absence de baisse des taux longs malgré le ralentissement économique, accentue la concentration des marchés actions. Alors que l’impact des taux élevés sur l’activité économique va réellement se faire sentir dès le quatrième trimestre 2023, les investisseurs vont désormais se concentrer sur de possibles baisses des taux par les banques centrales au deuxième et au troisième trimestre. Comme en 2023, le risque de déception sur ce sujet persistera. Par conséquent, sauf dans le cas d’un scénario de désinflation rapide vers les 2%, il est encore difficile d’augmenter plus agressivement la voilure sur les actifs risqués.

Mais les opportunités existeront en 2024. Au-delà de l’exposition au risque, la discrimination entre les entreprises sera déterminante sur le marché des actions comme du crédit. Dans les 2 cas, les entreprises de qualité disposant de cash, de peu de dettes et d’un positionnement concurrentiel renforcé par ces dernières années, seront les grandes gagnantes. Les élections politiques, souvent négligeables au cours des derniers mois, seront un sujet d’attention avec l’élection du prochain président américain. En cas d’élection de Donald Trump, le protectionnisme tarifaire pourrait de nouveau s’accélérer et favoriser les entreprises exportatrices positionnées sur le haut de gamme et qui surmonteront la baisse de leur compétitivité-coût. Les valeurs suisses pourraient bien en profiter.

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