Les entreprises indiennes face au défi climatique

Rishikesh Patel, BMO GAM (EMEA)

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L'Inde s'est engagée à atteindre l'objectif de zéro émission nette d'ici 2070.

©Keystone

Les Nations unies affirment que «l'eau est la première ressource qui subira les effets du changement climatique», les précipitations devenant effectivement, de plus en plus irrégulières. L'Institut des ressources mondiales classe déjà l'Inde dans les pays les plus exposés à des problèmes de stress hydrique. Compte tenu des demandes croissantes sur des réserves d’eau qui diminuent, les entreprises qui font un usage irresponsable de leur consommation d'eau mettent leur réputation en jeu.

De nombreuses entreprises se sont adaptées pour améliorer leur résistance au stress hydrique. C'est le cas de la société indienne Torrent Pharmaceuticals, qui réutilise et recycle 87% de ses eaux usées. Cela permet non seulement de réduire la consommation globale d'eau douce, mais aussi de s'adapter aux fluctuations de l'approvisionnement en eau qui peuvent être causées par des événements météorologiques extrêmes comme la sécheresse, rendue plus fréquente par le changement climatique.

Les entreprises indiennes pensent à long terme et s'engagent à réduire leurs émissions bien avant le calendrier du gouvernement.

Il semble donc essentiel que les entreprises se prémunissent contre ces risques, ainsi que contre ceux liés à la réglementation, à la législation et à la réputation, en réexaminant - et dans certains cas en redéfinissant - leurs stratégies afin d'adapter leurs activités au changement climatique et d’en atténuer les effets.

La réduction des émissions de gaz à effet de serre

Les annonces faites par le premier ministre Modi lors de la COP26 étaient en faveur de l'augmentation de la part des énergies renouvelables afin d'atteindre l'objectif de zéro émission nette en 2070. Cependant, des informations supplémentaires sont nécessaires pour évaluer exactement comment ces objectifs seront atteints et quels risques les entreprises indiennes devront affronter. Mais, malgré l'incertitude politique, bon nombre d’entreprises ont fait des progrès en augmentant la proportion d'énergies renouvelables dans leur mix énergétique.

Aussi, les entreprises indiennes pensent à long terme et s'engagent à réduire leurs émissions bien avant le calendrier du gouvernement. Toutefois, fixer un objectif de zéro émission nette n'est que le début d'un long voyage. Mais, les défis sont nombreux, entre mesurer, réduire et écrire les rapports sur les émissions de gaz à effets de serre. Il ne peut y avoir d’écart entre les paroles et les actes.

Pour ce faire, en 2021, de nombreux dialogues sur le changement climatique ont eu lieu avec des exploitations indiennes destinés à les encourageant à participer au processus de validation des données de la Transition Pathway Initiative (TPI) dans le cadre de l'initiative Climate Action 100+. Dans ce cadre, les entreprises sont incitées à revoir leurs stratégies climatiques en fixant des objectifs de réduction des émissions à court et moyen terme fondés sur des données scientifiques; à améliorer la qualité de leurs informations sur le climat; à aligner les dépenses d'investissement sur les objectifs climatiques et élaborer des politiques sur les pratiques de lobbying liées au climat.

Le cas d’HDFC Bank

HDFC Bank est l'un des principaux fournisseurs de services financiers aux consommateurs en Inde, avec des positions dominantes dans tous les segments clés de la consommation, notamment les prêts personnels et les cartes de crédit.

HDFC Bank investit dans des données et des outils de test pour développer l'évaluation des risques climatiques et l'analyse de scénarios.

En juin 2021, HDFC Bank s'est engagée à atteindre la neutralité carbone d'ici 2031-2032, celle-ci développe actuellement une stratégie pour faire face aux risques liés au changement climatique dans son portefeuille, notamment en investissant dans des données et des outils de test pour développer l'évaluation des risques climatiques et l'analyse de scénarios.

Toutefois, la banque a encore des marges d’amélioration pour sa stratégie de gestion des risques liés au changement climatique. Effectivement, HDFC pourrait développer une stratégie qui aborde le financement des combustibles fossiles, les émissions financées et l'amélioration du reporting. Il serait bon aussi, de prendre des mesures pour évaluer et réduire les émissions de carbone dans l'ensemble de leurs portefeuilles de prêts et d'investissements. De fait, la direction travaille sur un plan pour s'attaquer à ce problème, notamment en signant la TCFD et en s'engageant à fixer des objectifs de réduction fondés sur la science.

Le cas de Reliance industries

Reliance Industries, l'entreprise la plus importante et la plus rentable d'Inde, est également l'un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre et autres polluants atmosphériques du pays. Ces dernières années, la direction a mené une transformation ambitieuse de l'entreprise qui l'a fait passer d'un acteur purement énergétique à un géant de la distribution et de la technologie. Cependant, ses activités liées à l'énergie, qui comprennent la pétrochimie, le raffinage et la commercialisation du pétrole, ainsi que la prospection et la production de pétrole et de gaz, sont encore très importantes et ont une empreinte carbone significative.

A partir de 2019, l'entreprise a été encouragée à intégrer les diverses initiatives pour réduire les émissions et soutenir la transition du groupe vers une économie à faible émission de carbone dans une stratégie plus cohérente et à améliorer la transparence. Avance rapide jusqu'en juillet 2020, lorsque Reliance Industries, dans une première pour un conglomérat indien, a annoncé son ambition de devenir net zéro carbone d'ici 2035.

Lors du Sommet international sur le climat 2021 en juin dernier, Mukesh Ambani, le président-directeur général de Reliance Industries, a annoncé l'ambition de l'entreprise de contribuer à faire de l'hydrogène vert le carburant le plus abordable en Inde. Et, au début de cette année, plus de détails ont été révélés sur la façon dont ils prévoient de réaliser leurs ambitions de zéro émission nette, y compris les plans d'investissement de 80 milliards de dollars dans des projets d'énergie verte. Ces annonces rendent confiants dans le fait que l'entreprise est sur la bonne voie pour atteindre son objectif en 2035. Les actions des entreprises dans ce domaine sont à saluer, car un plus grand engagement pour réduire les émissions peut améliorer à la fois leur profil d'entreprise et leurs résultats, tout en les préparant mieux à l’apparition d'éventuelles réglementations futures liées au carbone.

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