Les déboires d’Apple en Chine montrent que la diversification est nécessaire

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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La plus grande société américaine en termes de capitalisation boursière, a vu son cours chuter de 6%.

Il y a dix jours, Apple, la plus grande société américaine en termes de capitalisation boursière, a vu son cours chuter de 6%. La raison: l’inquiétude suscitée par l’interdiction de l’utilisation d’iPhones par les fonctionnaires chinois. Point de situation.

Suite à cette annonce, la valeur de l’entreprise a fondu de 190 milliards de dollars, soit l’équivalent de la capitalisation boursière de la onzième entreprise de l’indice Euro Stoxx 600. Les jours suivants, le titre Apple a rebondi légèrement, puis a rechuté avant de se reprendre, mais très faiblement, à un niveau inférieur à sa chute du 7 septembre.

Le risque de concentration

Cette évolution conforte l’inquiétude quant au fait que le rally des actions américaines est tiré, cette année, par les géants technologiques. Au 11 septembre, l’indice NYSE FANG+, qui suit la performance des dix valeurs technologiques les plus négociées, est en hausse de 75% depuis le 1er janvier, contre seulement 4,2% pour l’indice équipondéré S&P 500, qui dilue l’impact de ces entreprises de premier plan.

Par conséquent, un revers pour cette poignée de géants technologiques constitue un risque pour le rebond des actions dans leur ensemble. Pour atténuer ce risque et profiter d’un éventuel rattrapage des autres titres, les investisseurs seraient bien avisés de privilégier les pans du marché qui présentent le potentiel de hausse le plus important d’ici la fin de l’année et début 2024. Explications en trois points.

1. Privilégier les indices américains équipondérés à ceux pondérés en fonction de la capitalisation boursière

L’indice S&P 500 Equal Weight (version équipondérée) sous-performe son indice parent, qui est en hausse de 15,9% depuis le début de l’année, de près de 12 points de pourcentage et on y décèle donc un potentiel de rattrapage.

En outre, il est davantage exposé que l’indice classique aux secteurs américains préférés de la Recherche d’UBS, à savoir la consommation de base et l’industrie, qui devraient surperformer à mesure que l’économie américaine continuera de ralentir.

Les investisseurs peuvent également envisager d’opérer une rotation vers d’autres secteurs qui comptent parmi les préférés de la Recherche d’UBS, aux Etats-Unis, notamment celui de l’énergie qui est à la traîne et dont la valorisation ne reflète probablement pas encore le rebond des prix du pétrole. Le baril de Brent flirte avec les 90 dollars, contre 72 dollars à fin juin.

2. Se concentrer sur les pans du secteur technologique moins vulnérables à un ralentissement économique et qui n’ont pas profité du récent rebond

Dans l’ensemble, l’indice MSCI All Country World IT présente un ratio cours/bénéfices prévus dans douze mois de l’ordre de 25, supérieur de près de 30% à la moyenne des dix dernières années. Cependant, le secteur surfe sur le potentiel grandissant de l’intelligence artificielle (IA). 

Dans l’ensemble, il est sans doute pertinent de rééquilibrer l’exposition au détriment des mégacapitalisations qui ont été les fers de lance du rebond. Les investisseurs axés sur la croissance peuvent certainement aussi mettre à profit d’éventuels accès de volatilité des éditeurs de logiciels phares pour accroître leur exposition à long terme. Car ce segment est un bénéficiaire évident de la demande d’IA qui fait tache d’huile.

3. Accroître l’exposition aux actions émergentes restées à la traîne

Depuis le 1er janvier, l’indice MSCI Emerging Market (EM) n’a progressé que de 1,8%, contre 11,9% pour le MSCI All Country World. On peut donc tabler sur un rattrapage, d’autant que les mesures de relance annoncées récemment en Chine devraient se traduire par une accélération de la croissance. 

En outre, les valorisations sont attrayantes: le ratio cours/bénéfices prévus dans douze mois de l’indice MSCI EM n’est que de 11,8, un niveau conforme à la moyenne des quinze dernières années, tandis que l’indice des actions mondiales affiche une prime de 10% par rapport à sa moyenne historique sur la même période.

Parmi les marchés émergents, on appréciera particulièrement l’Inde, qui surfe sur des facteurs macroéconomiques porteurs (décrue de l’inflation, diminution du déficit extérieur et redressement des indices des directeurs d’achat). Les actions indiennes présentent toujours une valorisation raisonnable et les perspectives pour les entreprises semblent encourageantes.

Se focaliser sur les secteurs moins vulnérables

Tout bien considéré, même si les risques inhérents au caractère concentré du rebond des actions en 2023 sont réels, les investisseurs devraient pouvoir atténuer cette menace en se focalisant sur les pans relativement négligés du marché, ainsi que sur les secteurs moins vulnérables au ralentissement économique.

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