Des marchés toujours volatils dans l’attente de ce que fera la Fed

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Les indicateurs relativement peu importants publiés récemment ont eu un impact sur les marchés, face à l’hypothèse d’une poursuite du relèvement des taux. Point de situation.

©Keystone

Il y a dix jours, le S&P 500 a cédé 1,4% après la publication du chiffre hebdomadaire des inscriptions au chômage, qui a mis en évidence un marché du travail toujours dynamique, avec une baisse du nombre d’Américains qui déposent une première demande d’allocation chômage.

Peu avant, l’indice avait grimpé de 1,1%, porté par la publication de l’indice des directeurs d’achat de S&P Global, qui reflétait un ralentissement de l’activité en août, suscitant ainsi l’espoir d’une fin du cycle de resserrement monétaire de la Fed.

Ensuite, le S&P 500 a rebondi de 0,7% après le discours du président de la Fed, Jerome Powell, lors du symposium annuel de Jackson Hole, qui a entretenu l’incertitude quant aux perspectives de politique monétaire.

En attente de plus de clarté

L’énorme impact de ces publications d’indicateurs pourtant de moindre importance reflète le fait que la banque centrale se trouve face à une décision délicate quant aux orientations de politique monétaire.

Néanmoins, le brouillard devrait se dissiper dans les semaines à venir à mesure que les investisseurs digéreront la publication d’indicateurs plus importants, ainsi que la réaction de la Fed. Tour d’horizon en trois points.

1. Selon la Fed, un nouveau tour de vis sera une décision mûrement réfléchie

Jerome Powell a estimé que l’inflation «reste trop forte» et précisé que les responsables monétaires étaient «prêts à relever encore les taux si besoin et ont l’intention de maintenir la politique à un niveau restrictif» jusqu’à ce qu’un tassement durable de l’inflation vers l’objectif de 2% semble en bonne voie. Toutefois, Jerome Powell a souligné que la Fed devait faire preuve de prudence car «en faire trop peut aussi porter inutilement préjudice à l’économie».

Ce message nuancé a trouvé un écho dans d’autres déclarations récentes de responsables de haut rang. Le président de la Fed de Philadelphie, Patrick Harker, a récemment estimé que la Fed en avait «probablement fait suffisamment». Et d’ajouter: «Je suis partisan de laisser la politique restrictive infuser pendant un moment et l’on devrait voir l’inflation retomber».

En revanche, son homologue de Boston, Susan Collins, a déclaré que la Fed «pourrait être amenée à relever encore ses taux et il se peut qu’ils soient très proches d’un niveau auquel ils pourraient se stabiliser pour une durée substantielle». Ces derniers temps, la communication de la Fed invite donc les investisseurs à recentrer leur attention sur les publications d’indicateurs plus importants.

2. Les chiffres de l’emploi devraient donner le ton sur les marchés

Les principaux responsables de la Fed ne cessent de souligner qu’il faut une détente du marché de l’emploi pour qu’un retour de l’inflation vers leur objectif soit vraiment envisageable. Les chiffres de l’emploi d’août publiés vendredi dernier étaient les derniers avant la prochaine réunion du comité de politique monétaire de la Fed le 20 septembre. Ceux relatifs au mois de juillet avaient mis en évidence un certain ralentissement des créations d’emplois. Néanmoins, le taux de chômage reste au plus bas depuis des décennies.

Les chiffres du mois d’août brossent un tableau similaire. La création de quelque 170’000 emplois est nettement plus que le niveau nécessaire pour absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail. Le taux de chômage qui reste stable à 3,5% ne donne pas de signe évident d’un fléchissement de la demande de main d’œuvre.

3. Le baromètre de l’inflation préféré de la Fed donne de nouveaux signes de modération des prix

L’indice des dépenses de consommation personnelles, hors alimentation et énergie, a été publié le 31 août, avec une progression de 0,2% sur un mois en juillet. Cela est compatible avec un retour de l’inflation vers la cible des 2% au fil du temps, même si le taux d’inflation sous-jacente en glissement annuel devrait ressortir à 4,1%.

Le 13 septembre, ce sera le tour de l’indice des prix à la consommation en août, la dernière publication majeure avant que la Fed ne prenne sa décision.

Des indicateurs économiques résistants

Par conséquent, même si la Fed est probablement déjà arrivée au terme de son cycle de resserrement monétaire, la donne pourrait changer en fonction des statistiques économiques publiées dans les semaines à venir.

La Fed a, sans doute, toujours une longueur d’avance sur la Banque centrale européenne pour ce qui est de mettre un terme à son cycle de resserrement monétaire, d’où la préférence de la Recherche d’UBS pour l’euro au détriment du dollar américain.

Les indicateurs économiques résistent bien dans l’ensemble, ce qui conforte dans l’idée que l’économie américaine se dirige vers un atterrissage en douceur. Toutefois, les perspectives de risque/rendement des actions semblent plus nuancées, c’est pourquoi la Recherche d’UBS a récemment relevé cette classe d’actifs de Least Preferred à Neutral.

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