L’incertitude persiste quant aux taux directeurs

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Le scénario d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine est tantôt conforté, tantôt remis en cause. Tour d’horizon.

©Keystone

Le mois d’août a été éprouvant pour les investisseurs. Aux Etats-Unis, actions et obligations ont fini dans le rouge. Eléments contradictoires et interprétations divergentes des données économiques, des prix des actifs et des perspectives pour la Fed ont fait fluctuer les cours. Car le scénario d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine était tantôt conforté, tantôt remis en cause. 

Dans l’ensemble, les dernières données confortent dans l’idée que l’économie américaine se dirige vers un atterrissage en douceur. En effet, l’inflation se rapproche de l’objectif de la Réserve fédérale américaine (Fed) et aucune récession n’est en vue cette année.

Néanmoins, il subsiste des incertitudes qui devraient continuer d’alimenter les spéculations sur les prochaines décisions de la Fed, ainsi que l’instabilité sur les marchés. Tour d’horizon.

La décrue de l’inflation «super sous-jacente» se fait attendre

En juillet. le déflateur PCE (le baromètre de l’inflation préféré de la Fed) est ressorti en hausse de seulement 0,2% en glissement mensuel. Toutefois, le président de la Fed, Jerome Powell, a pointé du doigt la sous-catégorie «inflation sous-jacente des services hors logement», qui a enregistré une hausse plus marquée (+0,5%).

En glissement annuel, l’inflation mesurée à l’aune de l’indice PCE a grimpé à 3,3%, contre 3% en juin. C’est nettement plus que le taux de 2% visé par la Fed. Par conséquent, un nouveau relèvement des taux directeurs ne peut être exclu.

Un rebond du volume d’épargne pourrait freiner la croissance

Aux Etats-Unis, toujours en juillet, les dépenses personnelles sont ressorties en hausse de 0,8% en glissement mensuel, après la hausse de 0,6% enregistrée en juin. S’agissant des revenus, la progression des salaires a été plus modeste (+0,4%). Compte tenu de la hausse des impôts et des versements d’intérêts relatifs à des prêts non hypothécaires, le revenu disponible a stagné.

Cette hausse des dépenses conjuguée à la stagnation des revenus a fait tomber le volume d’épargne à 3,5%. En outre, les ménages ont épuisé en bonne partie l’épargne excédentaire constituée pendant la pandémie. Dès lors, le volume d’épargne actuel ne peut probablement pas rester durablement aussi bas et le principal risque pour la croissance est celui d’une brusque hausse du volume  d’épargne.

Le marché du travail se détend

Les chiffres de l’emploi salarié non agricole en août suggèrent que la détente du marché de l’emploi se poursuit. Il en va de même pour le dernier rapport JOLTS (Job Openings and Labor Turnover Survey qui mesure l'excès de l'offre de travail) : le nombre de postes à pourvoir est tombé à 8,8 millions en juillet, après avoir culminé à 12 millions en mars dernier.

Ainsi, 187 000 emplois salariés non agricoles ont été créés au cours du mois, plus que les 170 000 prévus par le consensus. Toutefois, le taux de chômage a augmenté de 0,3 point de pourcentage, à 3,8%.

En outre, les créations d’emplois en juin et en juillet ont été revues à la baisse de 110 000 postes au total et le salaire horaire moyen n’a augmenté que de 0,2% en glissement mensuel. Le taux d’activité a grimpé à 62,8%, au plus haut depuis la pandémie. Il était stable depuis mars.

Vers la fin des hausses de taux directeurs de la Fed

Il est vraisemblable que d’ici la réunion du FOMC (le comité de la Fed en charge des décisions de politiques monétaires à court et long terme) de novembre, l’économie américaine donnera des signes de ralentissement évidents.

Cela devrait amener la Fed à mettre enfin un terme à son cycle de relèvement des taux directeurs le plus drastique depuis les années 1980. Les rendements des bons du Trésor américain devraient diminuer d’ici la fin de l’année en raison d’une modération de la croissance économique et de l’inflation aux Etats-Unis.

D’intéressantes pistes obligataires

Par conséquent, les rendements obligataires élevés à l’heure actuelle permettent aux investisseurs de s’assurer une confortable rémunération pendant un bon moment. Sur les marchés obligataires, on pourra s’intéresser aux obligations high grade (emprunts d’Etat) et investment grade (y compris certaines obligations de premier rang d’institutions financières).

On considérera aussi les obligations durables, et ce dans le segment des titres d'une duration de cinq à dix ans. L’exposition à des stratégies à gestion active axées sur le revenu, ainsi qu’à des produits structurés générant du rendement, peut également permettre aux investisseurs de tirer parti d’un large éventail d’opportunités.

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