Le retour d’UBS au 7e rang des banques d’investissement

Philippe Rey

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La grande banque n’est pas championne de la banque d’investissement. Mais le rachat de Credit Suisse permet son retour dans le «Top Ten».

©Keystone

Le rachat de Credit Suisse a renforcé la position concurrentielle d’UBS dans les banques d’investissement globales auprès de la clientèle institutionnelle, d’entreprises et des investisseurs, souligne-t-on du côté de la grande banque. On en saura plus lors de la présentation de ses résultats semestriels, le jeudi 31 août.

Avec cette acquisition, UBS fait son retour dès cette année dans le «Top Ten», plus précisément au 7e rang, des banques d’affaires en termes de commissions générées (M&A, fonds propres, obligations, prêts), selon les données de Refinitiv et Dealogic. UBS devance ainsi ses rivales européennes BNP Paribas et Deutsche Bank. Avant la fusion, UBS se situait au 14e rang et Credit Suisse au 18e, d’après Dealogic.

Le classement reste dominé par JP Morgan, Goldman Sachs & Co, Bank of America, Morgan Stanley, Citi et Barclays.

Le classement reste dominé par JP Morgan, Goldman Sachs & Co, Bank of America, Morgan Stanley, Citi et Barclays. UBS figure également parmi les dix premiers cette année concernant les fusions et acquisitions (M&A) sur le plan mondial en termes de valeur des transactions, suivant Refinitiv.

En 2022, Credit Suisse occupait encore une place de choix dans la zone Amériques, s’agissant des M&A, à l’aune de la valeur, au 7e rang (8e en 2021). UBS apparaissait au 14e rang (11e), conformément aux données de Mergermarket. Goldman Sachs est resté le chef de file incontesté, tant en valeur qu’en nombre de transactions.

Les établissements américains se taillent presque toute la part du marché local, tout en formant le plus grand marché des M&A. Le rang est resté le même pour Credit Suisse aux Etats-Unis lors des deux dernières années, mais UBS n’était classé qu’en 15e (13e) position.

UBS ambitionne de devenir un acteur plus important dans le domaine des M&A en Amérique, où sa taille était sous-optimale avant la reprise de Credit Suisse, contrairement à la gestion de fortunes. UBS a engagé une vedette de Barclays, Marco Valla, au titre de «co-head» du global banking, et ce dernier a été suivi par une équipe de banquiers spécialistes dans la technologie, les médias et télécoms.

Dans la zone Asie-Pacifique, en 2021-22, UBS apparaissait plus fort que Credit Suisse, spécialement au Japon, en Australasie et dans la Grande Chine, tant en valeur qu’en nombre de transactions, d’après Mergermarket.

Dans la zone EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique, un constat analogue s’impose, UBS figurant au 10e (12e) rang.

Quoi qu’il en soit, la qualité et l’intégrité des dirigeants d’UBS seront déterminantes pour le futur de cette banque. A fortiori avec l’intégration des activités de banque d’investissement de Credit Suisse.

Dans le domaine des fusions et acquisitions (M&A), UBS Investment Bank est clairement resté leader en en termes de transactions.

Deux tâches sont indispensables aujourd’hui: L’obsession de l’efficience opérationnelle - garder les coûts bas- et de la gestion du risque - éviter de prendre des positions outrancières de dérivés ou d’accorder des crédits extravagants par exemple –. Tous deux sont indépendantes des classements habituels dans le domaine de la banque d’affaires. Ces derniers servent surtout à susciter l’envie entre banques, et donc parfois à les inciter à prendre des risques inconsidérés et destructeurs de valeur.

Accentuer l’envergure de la gestion de fortune, avec une position de leader mondial, et de la gestion d’actifs ainsi que demeurer le leader incontestable en Suisse dans la banque commerciale et de détail demeurent les objectifs d’UBS. Sa banque d’investissement doit rester focalisée sur ses points forts, permettant ainsi de consolider la position d’UBS dans ces activités.

Le reste de la banque d’affaires de Credit Suisse sera vendu ou liquidé. Le capital alloué à la banque d’investissement se limitera à 25% des actifs pondérés en fonction du risque pour le groupe. A cet égard, un badwill ou goodwill négatif de 34,8 milliards de dollars (situation comptable IFRS à fin 2022) résultant de l’acquisition de Credit Suisse étaie les fonds propres combinés d’UBS et les actifs pondérés en fonction du risque qui ont été acquis.

D’aucuns craignent que des banques étrangères comme JP Morgan, Bank of America, Goldman Sachs, Rothschild & Co ou Deutsche Bank par exemple, bénéficient des défis et problèmes inhérents à l’acquisition de Credit Suisse par UBS. Particulièrement dans la banque d’investissement et en Suisse.

Il est intéressant d’observer que dans le domaine des fusions et acquisitions (M&A) en Suisse, UBS Investment Bank est clairement resté leader en en termes de transactions. Le classement de The Corporate Finance Group (TFCG) et Mergermarket, montre en effet qu’UBS compte 257 transactions avec des cibles en Suisse pour la période allant du 1er août 2000 à la fin juin 2023. Bien devant PwC (209), Credit Suisse (179), TFCG (171), Ernst & Young (162), BDO (138), etc. Goldman Sachs (84) vient en dixième position, et JP Morgan (67) en treizième.

Cependant, en valeur, on voit clairement que les banques américaines (Goldman Sachs, JP Morgan, Citi et Bank of America) ont mené le bal, en 2022 notamment. «Nous n’avons pas d’opinion particulière en ce qui concerne le futur de la «champion’s league» du M&A. Mais il est clair que si un acteur disparaît, il pourrait y avoir un appel d’air au profit d’autres acteurs, nationaux ou autres», explique Olivier Chantre, associé chez TCFG.

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