Les banques européennes continuent de résister face à un environnement dégradé

AWP

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Les résultats du deuxième trimestre ont été tirés par la banque de détail, ainsi que par les salles de marchés, indique Antonio Roman, analyste pour Axiom.

Les banques européennes ont globalement fait mieux que prévu au deuxième trimestre, continuant de résister après une année 2021 record et malgré un contexte économique incertain dû à la guerre en Ukraine.

BNP Paribas a ainsi enregistré le meilleur trimestre de son histoire, avec un bénéfice de 3,18 milliards d’euros (+9,1% sur un an), au-dessus des attentes des analystes. Sur le semestre, ce sont 5,29 milliards que la première banque européenne, bien partie pour battre son record de 2021, a engrangé.

De son côté, Crédit Agricole SA, l’entité cotée du groupe, a annoncé jeudi des résultats meilleurs qu’attendu, faisant bondir son cours de près de 5% en mi-journée.

Ailleurs en Europe, les bénéfices s’accumulent aussi au deuxième trimestre pour nombre de banques: 2,35 milliards d’euros pour l’espagnol Banco Santander (+14% sur un an) tandis qu’Unicredit, la deuxième banque d’Italie, a vu son bénéfice doubler à 2,01 milliards, un résultat record qui l’a amené à relever ses prévisions pour l’ensemble de l’année.

Toutes n’ont cependant pas autant brillé.

Intesa Sanpaolo, la première banque italienne, a enregistré un bénéfice net en baisse de 22,1%, à 2,35 milliards sur le semestre, plombé par des dépréciations de créances dues à son exposition à la Russie et à l’Ukraine.

Société Générale, de son coté, a soldé la cession de sa filiale russe Rosbank et a ainsi enregistré une perte de 1,5 milliard entre avril et juin. C’est toutefois mieux que ce à quoi s’attendait le marché.

Enfin, Credit Suisse, secoué par des scandales à répétition, a dévoilé une perte bien plus lourde que prévu, à 1,6 milliard d’euros, et a nommé un nouveau directeur général.

Hausse des taux

Mais globalement, le deuxième trimestre est dans la continuité du premier, où les banques avaient fait bonne figure malgré la guerre en Ukraine.

Ce qui a plutôt surpris positivement les marchés qui «s’attendaient à un début de faiblesse», explique à l’AFP Antonio Roman, analyste pour Axiom. Les résultats ont été tirés par la banque de détail, ainsi que par les salles de marchés, précise-t-il.

La banque de détail a bénéficié d’une hausse des volumes de crédit, notamment auprès des entreprises, qui voient leurs coûts d’approvisionnement augmenter avec l’inflation.

Ensuite, de façon plus ou moins visible selon les pays, «on aperçoit le début des bénéfices de la hausse des taux», notamment en Espagne et en Italie, qui ont beaucoup de prêts à taux variables, explique M. Roman. Pour la France, il va falloir attendre 2023 ou 2024 pour que la hausse des taux joue pleinement, estime-t-il.

Après dix années de baisse des taux directeurs, une politique menée à son paroxysme au début de la pandémie de Covid-19, les banques centrales ont commencé à remonter leurs taux, plus ou moins agressivement.

«La hausse des taux telle qu’elle est en train de se dessiner (...) est sur le fond une bonne chose pour les banques», a d’ailleurs déclaré jeudi en conférence de presse Laurent Mignon, président du directoire de BPCE, qui a enregistré un bénéfice net à 1,3 milliard d’euros (+1,6%) au deuxième trimestre.

«Les banques ont longtemps souligné que les taux négatifs étaient quand même un exercice difficile. C’est une bonne chose de voir les taux monter, ça permet dans beaucoup de métiers de reconstituer des marges. En revanche, il ne faut pas sous-estimer que le passage d’un état à l’autre fait qu’il peut y avoir une période de tensions», a-t-il poursuivi.

La France se caractérise en effet par un crédit immobilier à taux fixe, et par un taux d’usure qui limite la hausse des taux pour les clients, au point d’ailleurs que certains acteurs accusent la réglementation de gripper le marché immobilier.

En revanche, avec la baisse des marchés financiers, les activités d’introduction en bourse, d’émission d’obligations et dans une moindre mesure de fusion-acquisition, ont souffert.

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