Les actions suisses seront également affectées par une récession globale

Yves Hulmann

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Eleanor Taylor Jolidon, co-Head Swiss & Global Equities à l’Union Bancaire Privée, anticipe un premier trimestre difficile en 2023.

Que faut-il anticiper pour les marchés des actions l’an prochain, que ce soit au niveau global et pour les valeurs helvétiques? A ce sujet, Eleanor Taylor Jolidon, senior portfolio manager et Co-Head Swiss & Global Equities à l’Union Bancaire Privée (UBP), observe que l’économie suisse dispose, certes, de bonnes cartes pour échapper à une récession l’an prochain et que les pressions inflationnistes sont moindres en Suisse que dans la plupart des pays industrialisés. «Le franc suisse demeure une monnaie forte, ce qui fait que l’inflation est moins un problème en Suisse qu’ailleurs», relève-t-elle.

Les coûts de la vie plus élevés auront un impact sur la consommation

Pour autant, il ne faut pas faire preuve d’un trop grand excès de confiance à ce sujet, nuance-t-elle. «Jusqu’à présent, nous n’avons pas encore vraiment vu quel était l’impact de prix de l’énergie plus élevés dans différents domaines. Et beaucoup n’ont pas encore véritablement perçu l’impact des coûts additionnels de la vie. Quand les consommateurs commenceront à s’en apercevoir, ils diminueront leurs achats dans certains domaines et cela aura un impact sur les volumes des biens vendus par les entreprises. Or, c’est le volume qui, en fin de compte, fournit les marges aux entreprises», rappelle-t-elle.

«Les marchés n’intègrent pas encore dans leurs prix le fait que les bénéfices des entreprises pour l’ensemble de l’exercice 2022 puissent être plus bas qu’attendu.»

Malgré certaines caractéristiques défensives des actions suisses, il ne faut pas se bercer d’illusions sur le fait que les marchés d’actions sont globaux et que les entreprises suisses cotées en bourse, étant donné leur position très internationale, seront également affectées par une récession globale.

Les bénéfices par action attendus en baisse en 2023

Compte tenu de l’ampleur de la correction survenue sur les marchés des actions en 2022, le moment n’est-il pas venu d’accroître à nouveau son exposition sur certaines catégories de titres? Sur ce point, Eleanor Taylor Jolidon observe que la baisse de plus de 20% des marchés actions durant les dix premiers mois de l’année est intervenue en grande partie en raison de la compression des multiples (change in multiple) d’environ -25%, tandis que la croissance des bénéfices par action (+7%) et le rendement des dividendes (+2%) ont été des facteurs de soutien pour les marchés actions.

En 2023, la situation se présentera de manière différente: côté positif, l’équipe de recherche Swiss & Global Equities de l’Union Bancaire Privée anticipe, dans son scénario de base, une expansion des multiples de 10% ainsi qu’un rendement des dividendes toujours situé à 2%. En revanche, il faudra compter avec un recul des bénéfices par action de l’ordre de 8%. En fin compte, il en résultera un rendement total de 3%, toujours d’après le scénario de base.  

S’agissant spécifiquement des actions suisses, le rendement total devrait être un plus élevé, soit à 5%. Pour Eleanor Taylor Jolidon, il n’est pas exclu que le rally de fin d’année, soutenu par la bonne résilience des bénéfices par action, se poursuive. Toutefois, le rebond des marchés d’actions en octobre et novembre ressemble davantage à un «bear market rally» qu’à un véritable marché haussier. A ses yeux, les marchés n’intègrent pas encore dans leurs prix le fait que les bénéfices des entreprises pour l’ensemble de l’exercice 2022 puissent être plus bas qu’attendu.

Vers un premier trimestre difficile

Par ailleurs, quand les entreprises commenceront à publier leurs résultats pour le quatrième trimestre au début de 2023, il se peut que nombre d’entre elles revoient aussi à la baisse leurs prévisions, ce qui ajoutera encore de l’instabilité sur les marchés des actions. «Nous assisterons probablement à un premier trimestre 2023 difficile», anticipe Eleanor Taylor Jolidon.

Dans ce contexte, l’UBP estime que les marchés obligataires et les hedge funds offriront certainement un profil risque - rendement plus attrayant que les actions. Les taux d’intérêt des bons du Trésor américain devraient se stabiliser aux alentours de 4 à 5% et ceux des emprunts d’Etat allemands (Bund) aux alentours de 2 à 2,5%, anticipe l’UBP dans ses prévisions pour 2023.

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