Le programme politique de Joe Biden met la reprise au premier plan

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Lors de son premier jour dans le Bureau ovale, Joe Biden a signé plusieurs décrets revenant sur des politiques de la précédente administration.

© Keystone

Il y a dix jours, Joe Biden a prêté serment, devenant ainsi le 46e président des Etats-Unis. Dans son discours d'investiture, il a fait allusion à ses priorités immédiates: surmonter la pandémie du Covid-19, parer à la crise climatique et combattre l'injustice raciale. Lors de son premier jour dans le Bureau ovale, Joe Biden a également signé plusieurs décrets revenant sur des politiques de la précédente administration.

Ces décrets présidentiels et les récentes déclarations du président Biden et de sa ministre des Finances Janet Yellen quant aux orientations politiques de la nouvelle administration confortent l'idée que le monde sera, dans les années à venir, plus endetté, plus durable et plus local.

Priorité à la reprise économique

Face à la pandémie, le président Biden a proposé un nouveau plan de relance budgétaire de 1900 milliards de dollars. Par ailleurs, lors de son audition de confirmation devant le Congrès, Janet Yellen a exhorté les élus à ne pas lésiner sur les moyens pour atténuer les répercussions du coronavirus Elle a souligné que les bienfaits pour l'économie l'emporteraient largement sur les risques liés à l'augmentation de la dette (la dette publique totale des Etats-Unis représentait environ 127% du PIB à la fin du troisième trimestre 2020, contre 107% à la fin 2019). Janet Yellen a également répété que, dans un premier temps, la priorité de Joe Biden serait de soulager les ménages et les entreprises, et non d'augmenter les impôts.

La Réserve fédérale a clairement signifié qu'elle n'était
pas pressée d'opérer un resserrement monétaire.

Il est possible que les élus républicains et certains démocrates fassent part de leur inquiétude face à l'ampleur de la dette américaine et que le Congrès ne donne pas son aval à toutes les mesures du plan de 1900 milliards de dollars. Cependant, il est peu probable que des mesures fortes soient prises cette année pour réduire le déficit budgétaire ou la dette.

De son côté, la Réserve fédérale a clairement signifié qu'elle n'était pas pressée d'opérer un resserrement monétaire. Dès lors les taux d'intérêt resteront bas. Dans ce contexte et compte tenu des mesures de relance et du rebond des bénéfices des entreprises à venir, la valorisation des actions semble plus raisonnable. Des opportunités attrayantes apparaissent parmi les entreprises, les secteurs et les marchés plus cycliques.

Déjà des mesures en faveur de l'environnement

Le président Biden entend ramener à zéro les émissions nettes de CO² des Etats-Unis à l'horizon 2050 et a commencé à prendre à bras le corps la lutte contre le changement climatique. Il a signé un décret présidentiel actant le retour des Etats-Unis dans l'Accord de Paris sur le climat, ainsi que d'autres décrets relatifs à des mesures environnementales.

Janet Yellen a également fait savoir que le Trésor américain s'investirait avec force dans la lutte contre le changement climatique. Alors que les pouvoirs publics et les entreprises mettent de plus en plus l'accent sur les enjeux liés au climat, les stratégies durables auront certainement le vent en poupe dans le monde de l'après-pandémie. En fait, les entreprises spécialisées dans les technologies vertes («greentech») pourraient être «la prochaine grande opportunité».

Même si la politique de Washington à l'égard de Pékin s'annonce
plus prévisible, les relations entre les deux pays resteront tendues.
Fermeté à l'égard de la Chine

Dans son discours d'investiture, le président Biden a promis de revigorer les alliances des Etats-Unis mais n'a pas spécifiquement évoqué les relations avec la Chine. Toutefois, il a indiqué par le passé que l'abrogation des droits de douane sur les produits chinois n'interviendrait probablement pas de sitôt. En outre, Janet Yellen a déclaré que les Etats-Unis répondraient aux pratiques commerciales déloyales et aux subventions de la Chine.

La semaine dernière, le nouveau secrétaire d'Etat Antony Blinken a déclaré devant le Congrès qu'il était favorable à un consensus entre démocrates et républicains sur la politique à l'égard de la Chine. Il a ajouté que l'ancien président Donald Trump a eu raison de faire preuve de fermeté malgré des réserves sur les méthodes employées.

Même si la politique de Washington à l'égard de Pékin s'annonce plus prévisible, les relations entre les deux pays resteront tendues. La Chine va continuer à approfondir ses réformes intérieures et s'efforcera d'atteindre l'autosuffisance technologique. La Recherche d’UBS entrevoit un glissement continu vers un monde bipolaire avec des écosystèmes technologiques distincts sous l'impulsion des Etats-Unis et de la Chine. D'où l'importance d'une diversification à l'échelle mondiale dans le secteur technologique.

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