Le pétrole devrait rebondir en 2023

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Les problèmes d'approvisionnement en énergie de 2022 sont probablement là pour rester et, associés à la réouverture de la Chine, on peut s’attendre à ce que les prix du brut remontent cette année.

© Keystone

Après une année 2022 volatile, où les prix du pétrole ont rendu une grande partie de leurs gains en fin d’année, le brut a continué à baisser dans la nouvelle année. Cela sur la base des préoccupations que la réouverture rapide de la Chine pourrait alimenter les infections, freiner la mobilité et réduire la demande de pétrole.

Mais les problèmes d'approvisionnement en énergie de 2022 sont probablement là pour rester et, associés à la réouverture de la Chine, on peut s’attendre à ce que les prix du brut remontent à 110 USD/baril cette année.

Les problèmes énergétiques vont continuer

La semaine dernière, le pétrole brut Brent a chuté de 4,4% mardi et de nouveau de 4,8% mercredi. On craint, en effet, que la réouverture rapide de la Chine n'alimente une flambée des infections au Covid-19, ce qui affecterait la mobilité intérieure et freinerait la demande d'énergie. La baisse des prix du gaz naturel a également contribué au sentiment négatif.

L'année dernière, à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, les prix du Brent ont atteint un sommet de clôture de 128 USD/baril. Mais ils ont chuté de 25% au second semestre en raison des craintes de récession mondiale, réduisant les gains de l'année 2022 à un peu plus de 10%. Néanmoins, les investisseurs ayant une position longue sur le Brent au début de l'année dernière ont réalisé une performance de près de 30% grâce aux gains déjà acquis.

La Recherche d’UBS est toujours d’avis que les problèmes énergétiques de 2022 – comme la réorientation de l'offre russe et le sous-investissement chronique dans les capacités en amont – sont susceptibles de persister en 2023. Elle prévoit une hausse des prix du pétrole brut à 110 USD/baril.

Les trois quarts de la croissance de la demande mondiale de pétrole en 2023 devraient provenir de l'Asie émergente (+1,2 mbpj).
La demande de pétrole tirée par l'Asie

En 2023, on prévoit une augmentation de la demande de pétrole de 1,6 million de barils par jour (mbpj), la demande dépassant le record de 103 mbpj au deuxième semestre. Alors que la croissance de la demande de pétrole l'année dernière provenait en grande partie des pays de l'OCDE, cette demande sera certainement faible cette année.

En revanche, les trois quarts de la croissance de la demande mondiale de pétrole en 2023 devraient provenir de l'Asie émergente (+1,2 mbpj). La Chine, deuxième plus gros consommateur mondial, rouvre rapidement son économie. Cela devrait se traduire par une forte croissance de la demande d'une année sur l'autre. Même si la réouverture risque d'être cahoteuse à court terme avec des reculs occasionnels.

Les pays de l'OCDE vont recommencer à remplir leurs réserves

La fin de la vente de plus de 1 mbpj de pétrole à partir des réserves stratégiques de l'OCDE en 2022 devrait entraîner une baisse plus rapide des stocks commerciaux cette année. Les stocks de l'OCDE – commerciaux et stratégiques – sont déjà à leur plus bas niveau depuis 2004.

A moins que l'Agence internationale de l'énergie ne coordonne un autre communiqué mondial, les Etats-Unis ont déjà indiqué qu'ils commenceront lentement à remplir leurs réserves avec un achat de 3 millions de barils, après une vente de plus de 200 millions de barils en 2022.

Certains Etats membres de l'OCDE en Europe et en Asie pourraient également suivre le mouvement et remplir leurs réservoirs afin de respecter l'obligation de détenir des stocks pétroliers d'urgence équivalant à au moins nonante jours d'importations nettes de pétrole. La demande mondiale de pétrole s'en trouvera encore accrue.

Croissance modérée de l'offre hors OPEP+

Du côté de l'offre, les Etats-Unis devraient être en tête de la croissance de la production hors OPEP+ en 2023. Mais les ajouts seront probablement moins importants que par le passé, car la réponse de l'offre des producteurs de pétrole américains avec des cycles de production courts (c'est-à-dire le pétrole de schiste) à la hausse des prix est différente aujourd'hui que par le passé.

Les producteurs de pétrole de schiste se concentrent aujourd'hui davantage sur la discipline en matière de capital que sur l'augmentation de la croissance de la production. Un autre facteur limitant est la hausse rapide des coûts due à une inflation élevée, à un marché du travail américain tendu et à d'autres contraintes de la chaîne d'approvisionnement.

Absence de la demande européenne

Parallèlement, l'interdiction par l'Union européenne (UE) des importations de brut russe en décembre a pesé sur cette offre. Malgré une forte décote du pétrole russe par rapport au Brent, on n’a pas observé de reprise massive des importations de barils russes en provenance de clients asiatiques tels que la Chine et l'Inde.

Avec l'entrée en vigueur, le 5 février, de l'interdiction par l'UE des produits raffinés en provenance de Russie, il deviendra plus difficile pour cette dernière de trouver des acheteurs pour compenser l'absence de demande européenne.

On s’attend donc à ce que l'indice UBS CMCI Energy Total Return connaisse une autre bonne année en 2023, grâce aux bonnes performances du pétrole brut et des produits pétroliers. La Recherche d’UBS prévoit une hausse du prix du Brent à 110 USD/baril et du WTI à 107 USD/baril en 2023.

Il est recommandé aux investisseurs ayant une tolérance au risque élevée de privilégier les positions longues sur le pétrole brut Brent via des indices de première génération ou des contrats pétroliers à plus longue échéance, ou de vendre les risques baissiers du prix du Brent.

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