Le dollar règne

Axel Botte, Ostrum AM

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Le dollar est sans égal face à la faiblesse conjoncturelle en Europe et aux sorties de capitaux de Chine qui pèsent sur le yuan.

Une hausse généralisée du dollar est souvent associée à l’aversion pour le risque sur le marché. Cependant, malgré le léger repli des actions, le rebond actuel du billet vert semble davantage lié à l’inflexion conjoncturelle en zone euro et aux sorties de capitaux de Chine qui alimentent la faiblesse du yuan. Le CNH, yuan traité à Hong-Kong, a fixé à un niveau très faible au-delà de 7,36 contre dollar. Les marchés de taux sont volatils dans l’attente des prochaines réunions des Banques centrales. Le T-note oscille entre 4,20% et 4,30%. Le Bund peine à franchir durablement le niveau de 2,60%. Néanmoins, le calendrier d’émissions lourd sur les marchés d’emprunts souverains (France, Espagne, agences) et de crédit met une certaine pression sur les maturités longues.

En zone euro, les enquêtes pointent à la baisse

Aux États-Unis, le livre Beige décrit une croissance modeste au cours des six dernières semaines. Le marché de l’emploi se modère comme les tensions sur les prix selon les anecdotes recueillies par la Fed. La productivité progresse toutefois à un rythme de 3,5%, ce qui réduit la hausse des coûts unitaires. Dans une économie dominée par les services, le coût du travail est déterminant pour l’inflation interne. L’indice ISM des services montre ainsi une amélioration de l’activité mais aussi une résurgence des tensions sur les prix des intrants. Les nouvelles commandes semblent valider une croissance de l’ordre de 3% au troisième trimestre. Le déficit extérieur s’est amélioré en juillet grâce au secteur de l’automobile. Les constructeurs ont sans doute cherché à relocaliser leur production en prévision du conflit social actuel. Le risque de grève plane dans le secteur si les conditions salariales ne sont pas nettement revues à la hausse. Le syndicat UAW demande 46% de hausse à l’horizon de 2027 avec une réduction à 32h des heures hebdomadaires travaillées. Un accord a été trouvé avec les syndicats des dockers du Pacifique. Ces deux exemples témoignent des tensions persistantes sur le marché du travail. En zone euro, les enquêtes pointent unanimement à la baisse, y compris dans le secteur des services. L’indice des directeurs d’achat des services en zone euro plonge à 47,9 en août. En outre, la croissance du deuxième trimestre a été rabotée à 0,1%. La consommation sans relief (0%) ne bénéficie pas encore de la hausse de l’emploi et d’un début de désinflation. Les craintes d’inflation restent vives (2,4% à 3 ans selon l’enquête de la Banque Centrale Européenne de juillet) avec la remontée des prix de l’essence notamment. En Chine, le calendrier de publications s’allège mois après mois. Les dernières enquêtes entrevoient une amélioration dans le secteur de l’industrie. L’inflation est nulle (0,1% en août).

La force du dollar contre toute devise est incontournable et sans doute paradoxale à la lumière des objectifs de l’élargissement des BRICS. Les sorties de capitaux en Chine pèsent sur le yuan. Le yen reflète des contradictions de la Banque du Japon qui veut à tout prix éviter un emballement du 10 ans japonais. Le taux long nippon semble figé autour de 0,65%. Un Krach obligataire au Japon aurait des répercussions mondiales. Une remontée brutale du yen s’ensuivrait et l’absence des flux institutionnels japonais pénaliserait les marchés de taux européens et américains. Le T-note oscille entre 4,20% et 4,30%. Le refinancement de l’état fédéral induit un fort appel au marché et la demande étrangère s’est réduite. En zone euro, le Bund reste soutenu par la médiocrité des enquêtes conjoncturelles. Le marché primaire très lourd engendre des décalages de prix. On relève une mauvaise adjudication d’obligations à long terme en Autriche et même l’OAT s’est placée plus difficilement. Cela a provoqué une tension passagère sur le 10-30 ans (12pb). L’OLO belge profite du recours à l’épargne des ménages (22 milliards d’euros émis à 1 an). On relève d’ailleurs des opportunités attrayantes sur les instruments monétaires par rapport aux obligations bancaires courtes par exemple. La situation est mitigée sur le marché des agences. Le Conseil de l’Europe n’a pu émettre le montant ciblé mais l’émission de la BEI a rencontré davantage d’intérêts. Les swap spreads se sont de nouveau écartés sous l’effet des flux de couverture de ces émissions.

Le marché du crédit subit également la lourdeur du primaire. Le crédit sous-performe légèrement les swaps. Quelques émetteurs de bonne qualité se sont bien placés mais les spreads ont pu s’écarter ensuite sur le marché secondaire. Le marché semble attentif à la destination des fonds notamment en cas d’acquisition hasardeuse.

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