La Grande-Bretagne n'est pas l'Italie

Sébastien Galy, Nordea Asset Management

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Il existe certaines similitudes entre les défis actuels du Royaume-Uni et ceux de l'Italie. Les deux pays partagent une série de vulnérabilités.

Après seulement 45 jours au pouvoir, Liz Truss, l'impopulaire Premier ministre britannique, a démissionné après avoir poussé un budget non-financé qui a fait chuter la livre sterling et fait grimper les rendements des Gilts (taux souverains Britanniques). Le budget, qui n'avait apparemment pas été revu par les spécialistes fiscaux du gouvernement ou la Banque d'Angleterre, a rencontré un marché avide d’évidences macroéconomiques claires. Le résultat en fut une crise qui a forcé Truss à démissionner dans ce qui s'est avéré être le mandat le plus court de tous les Premiers ministres de l'histoire britannique.

La situation de la Grande-Bretagne ressemble-t-elle à celle de l'Italie?

Il existe certaines similitudes entre les défis actuels du Royaume-Uni et ceux de l'Italie. Les deux pays partagent une série de vulnérabilités:

1.    L'instabilité politique survient lorsque trop peu de croissance est partagée de manière très inégale à travers la population, sans conscience d'un contrat social national. Cela peut se produire lorsqu'il existe de fortes disparités régionales / identitaires (par exemple, la campagne par rapport à la Grande région Londonienne), des points forts politiques qui laissent peu de voteurs indécis et lorsque les gens commencent à former des groupes culturellement séparés avec des flux d'informations contradictoires (par exemple, Daily Telegraph et Mirror contre le Guardian). Cela étant dit, il est important de noter qu'il existe un large éventail d'électeurs qui change entre Libéraux, Travaillistes et Conservateurs.

Le temps nous dira ce qui se passera avec le prochain Premier ministre (peut-être le modéré Rishi Sunak qui avait prévenu d’un crise ou Penny Mordaunt), mais il est peu probable que le Royaume-Uni commette la même erreur qu'avec Truss. Au lieu de cela, la stratégie pour générer de la croissance passera probablement par des réformes et non par des réductions d'impôts pour les riches, les conservateurs étant loin derrière dans les sondages.

2.    Le deuxième élément de comparaison avec l'Italie est un niveau d'endettement public élevé (96% contre 150% pour l'Italie), mais il est loin d'être critique et les Gilts devraient rebondir avec l'amélioration de l'appétit pour le risque des investisseurs. Une partie de la hausse des rendements des Gilts est une idée que la  Banque d'Angleterre doit remonter les taux davantage face en partie à une devise faible, plutôt qu'à une crise de crédibilité aiguë – en un certain sens c’est plus complexe que l’apparence. D’ailleurs, l'effet de levier élevé dans les stratégies LDI utilisées par les fonds de pension a aussi accentué la demande de Gilts. Ceci a forcé la Banque d’Angleterre a intervenir.

3.    Enfin, dans les deux cas, le niveau de croissance est trop faible surtout face au coût du changement climatique. Cela suggère que l'Italie et la Grande-Bretagne sont confrontées à des réformes difficiles.

Qu'est-ce que ça veut dire?

Pour les gouvernements qui regardent les problèmes du Royaume-Uni, il n'est pas surprenant que la bonne gouvernance et la gestion des coûts élevés de la crise énergétique soient une priorité. C'est aussi un rappel que le partage est plus facile lorsque la société est unifiée, ce qui n'est pas tout à fait le cas dans l'Union européenne. Le climat politique actuel suggère que les banques centrales maintiendront, lorsqu'elles le pourront, une politique monétaire aussi accommodante que possible. Cela tend à favoriser les détenteurs d'actions et de crédit à long terme, éventuellement.

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