La discrète révolution nucléaire de la COP27

Levi-Sergio Mutemba

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Pour la première fois en trente ans, une réunion sur l’énergie nucléaire s’est tenue dans l’un des pavillons de la COP.

Ce ne sont pas les critiques qui ont manqué à l’encontre de la COP27. Les plus cyniques ont ironisé sur le fait que la guerre en Ukraine, qui a remis en cause la sécurité énergétique de l’Europe, avait plus de chance d’accélérer la transition énergétique que les interminables négociations intergouvernementales. Les plus idéalistes ont, pour leur part, critiqué le lieu du rassemblement, l’Égypte, sur la base du non respect des droits de l’homme pour lequel ce pays est tristement célèbre. D’autres encore, les plus pressés, larmoient face au manque de moyens financiers déployés jusqu’ici pour mitiger le réchauffement climatique dans les pays en développement.

Ne serait-on pas passé à côté du sujet? Car quelque chose d’extrêmement positif s’est produit mercredi à Charm el-Cheikh. Pour la première fois depuis que des négociations internationales existent sur le réchauffement climatique, c’est-à-dire pour la première fois en près de trente ans, une discrète mais capitale réunion sur l’énergie nucléaire s’est tenue dans l’un des pavillons de la COP27.

L’option nucléaire exigera temporairement, il est vrai, la réactivation de certaines filières du charbon et du gaz naturel, aussi bien dans les pays industrialisés du nord que dans les pays pauvres du sud.

Sous l’impulsion de l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique, leaders politiques et ONG commencent à considérer l’énergie nucléaire comme étant l’une des solutions au problème du réchauffement climatique. Investir dans une source d’énergie qui ne produit pas de gaz à effet de serre peut s’avérer bien plus pertinent que de faire pleuvoir 100 milliards de dollars chaque année sur des États du sud qui, disons-le franchement, ne sont pas toujours réputés pour être des exemples en matière de gouvernance.

L’option nucléaire exigera temporairement, il est vrai, la réactivation de certaines filières du charbon et du gaz naturel, aussi bien dans les pays industrialisés du nord que dans les pays pauvres du sud. Elle n’est pas la seule: la transition énergétique sera, en tout état de cause, accompagnée d’émissions de dioxyde carbone et de méthane pour compléter et stabiliser les flux solaire ou éolien. Quand on sait que l’énergie nucléaire peut garantir sur le très long terme une réduction concrète et substantielle de ces émissions, c’est moindre mal. Certes, la gestion des déchets n’est peut-être pas tranchée aux yeux de tous. Mais au moins, le débat est ouvert.

Enfin, ne sous-estimons pas le rôle des marchés et des institutions financières dans la gestion des problématiques environnementales. Au-delà de solutions telles que le négoce des droits à polluer, les obligations vertes ont un rôle majeur à jouer. À cet égard, par ailleurs, les choses vont dans le bon sens. L’an dernier, les emprunteurs «propres» ont levé un montant record de 860 milliards de dollars sous forme d’obligations durables. Une hausse de 61% par rapport à 2020, d’après les données Refinitiv.

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