«Ce n’est pas tant la volatilité que la forte hausse des taux d’intérêt qui stimule la recherche de garantie du capital», explique Nadia Gouné de Silex.
Les crises ont ceci de positif qu’elles constituent souvent des évènements opportuns pour acheter des actifs bon marché. Ce qui n’exclut pas la recherche concomitante de placements plus ou moins sûrs. Ce qui semble se produire actuellement sur le marché des produits structurés. Spécialiste des produits structurés et dérivés et Head of Structuring chez le groupe Silex, Nadia Gouné nous offre un éclairage sur les motivations des investisseurs quant à la recherche de produits à capital garanti. Et détaille pour Allnews les éléments fondamentaux de la construction (relativement complexe) de tels produits.
L’environnement inflationniste et les craintes de récessions augmentent les incertitudes sur la stabilité financière globale et entraînent une augmentation de la volatilité dans les marches. Dans ce contexte, les investisseurs deviennent plus alertes au risque et recherchent naturellement davantage de protection. Le contexte de hausse de taux que nous connaissons actuellement, suite aux différentes politiques monétaires, permet aux banques émettrices de répondre à ces attentes. Donc, quelque part, c’est bien la volatilité des marchés qui poussent les investisseurs à rechercher de la protection, mais uniquement parce qu’elle est le résultat de craintes d’instabilité financière. En revanche, paradoxalement, cette hausse de la volatilité a un impact négatif sur la valorisation des produits de performance – les structurés à l’aide d’options call. L’enjeu pour les banques est donc de pouvoir offrir des produits 100% capital garanti ou à forte protection dans un environnement fortement volatile.
Un produit structuré est une combinaison d’un Zero Coupon (ZC) et d’un ensemble d’options. Quand les taux sont élevés, on peut s’attendre à ce que le produit soit moins cher puisque le ZC sera moins élevé. On peut aussi voir le sujet sous l’angle de l’investisseur qui mobilise son nominal et qui est rémunéré au niveau des taux – plus les taux sont élevés plus la rémunération est importante. Mais le sujet est plus complexe, puisque un produit structuré a une sensibilité aux taux qui est une somme de sensibilités individuelles: le bond, l’actualisation des flux, la sensibilité des options elles-mêmes. On peut imaginer des produits structurés sur taux qui auraient des sensibilités inverses, à savoir un produit qui serait la combinaison d’un ZC et d’un levier sur taux par exemple. Mais cela reste globalement rare.
Les banques émettrices ne peuvent pas s’assurer que les produits vont aller dans le bon sens. D’ailleurs, elles ne le font jamais. Les modèles de pricing reposent sur des modèles statistiques qui estiment le prix des produits en simulant des trajectoires. Les simulations dites de Monte Carlo reposent sur ces principes. La seule chose que peut garantir la banque dans le cas de ces produits est que le client ne perde pas son capital initial à la maturité du produit. Tout le reste n’est pas prévisible. Toutefois, les analyses sur les sous-jacents et/ou sur les marchés peuvent donner du confort pour pousser une thématique plus qu’une autre. Mais restons humbles: nul n’a une boule de cristal pour prévenir l’avenir. Pour conclure, lorsque la banque propose un produit de capital garanti avec indexation à la hausse, le client recevra bien la performance finale si celle-ci s’avère positive. En revanche, la banque n’est jamais certaine que celle-ci va être positive. L’option call qui est vendue au client a une prime qui intègre la probabilité que le sous-jacent finisse en hausse à maturité. Mais tout est probabilité, rien n’est certain.
Oui. Ce sont tous les produits dits «bearish». Les clients qui jouent ces produits ont une vue baissière et non haussière. Ils investissement alors dans des puts ou autres pour gagner quand le marché baisse. L’enjeu est le même que pour les calls, il faut que les taux soient suffisants pour financer ces options, que ce soit à la hausse ou à la baisse. Le choix des sous-jacents est alors clé pour chercher à optimiser le coût de ces options.