L'un des freins à la croissance qui affecte la zone euro plus qu'aux Etats-Unis, est le ralentissement de la demande chinoise. Jusqu'à présent, l'impact sur les exportateurs européens a été maîtrisable, la croissance des importations chinoises restant bien soutenue (21% en glissement annuel en octobre). Mais la croissance de la demande chinoise pourrait rester plus faible plus longtemps, s'il y a une crise de confiance prolongée dans le secteur immobilier et que davantage de restrictions de mobilité liées aux coronavirus sont imposées. Si ce scénario se concrétise, la reprise que nous prévoyons de s'accélérer au cours des premiers mois de 2022, grâce à la levée des restrictions de mobilité et à l'assouplissement des politiques, interviendra plus tard. Pour l'instant, la croissance de l'investissement fixe dans le secteur manufacturier a résisté, grâce à la modernisation industrielle et aux gains du secteur des exportations chinois. Les exportateurs allemands, français et européens de biens d'équipement en ont profité.

Les données d'activité économique chinoises pour octobre, publiées plus tôt cette semaine, ont montré que la principale faiblesse vient toujours de la crise de confiance dans l'immobilier. Les mises en chantier de logements neufs ont baissé de 33% sur un an, tandis que les ventes de terrains ont chuté de 47%. Ces chiffres étaient pires que prévu et encore inférieurs à ceux de septembre. En outre, les prix des logements ont baissé pour le deuxième mois consécutif (voir graphique). D'autres données, telles que les ventes au détail et la production industrielle, ont été meilleures que prévu, indiquant une reprise continue de la demande de services et une croissance régulière des exportations de produits manufacturés. De plus, les pénuries d'énergie qui ont affecté la croissance au troisième trimestre se sont atténuées et ne devraient plus peser lourdement sur la croissance globale de l'activité.

Les autorités chinoises tentent d'empêcher de nouvelles baisses de l'activité immobilière. A cette fin, les banques ont été invitées à fournir davantage de financement aux développeurs, aux entreprises de construction et aux acheteurs de maisons. Les prêts hypothécaires sont déjà en forte hausse. Les autorités locales sont intervenues pour assurer la poursuite des projets lancés par Evergrande et d'autres promoteurs immobiliers qui ont rencontré des problèmes en raison du durcissement de la réglementation plus tôt cette année. L'attention du gouvernement central s'est maintenant déplacée des efforts d'assainissement du secteur vers des mesures de stimulation visant à une reprise rapide. Les ambitions à plus long terme devront attendre que l'économie redevienne plus solide.