La correction n'est pas encore terminée

George Alevrofas, VT Wealth Management, Zurich

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Lorsqu'un marché est porté par un petit nombre de titres, c'est rarement bon signe.

Tout au long de l'année, nous n'avons pas accordé une confiance absolue au mouvement de hausse et nous sommes convaincus que la correction actuelle n'a probablement pas encore atteint son terme, ce qui pourrait entraîner de nouvelles baisses de cours. Il convient donc d'examiner ce qui a finalement déclenché la correction actuelle et de réfléchir à la manière dont la situation du marché pourrait évoluer.

Tout d'abord, les raisons possibles de la correction: l'élément déclencheur a été la crainte que l'économie chinoise ne se développe pas aussi positivement que beaucoup l'espéraient. Au cœur de la faiblesse de l'économie chinoise se trouve le marché immobilier, qui montre des signes de faiblesse. Si le marché immobilier ne tourne pas rond, cela a des conséquences négatives sur la demande de consommation, et pas seulement en Chine, pour les raisons que l'on sait.

Le marché immobilier en point de mire

Le marché immobilier représente pas moins d'un cinquième du produit intérieur brut total de la Chine. Le gouvernement chinois est conscient de l'importance de ce segment et a mis en place un nouveau paquet de mesures de stimulation qui n'est toutefois pas très efficace.

C'est surtout l'imagination autour des thèmes de l'intelligence artificielle et des médias sociaux qui donne des impulsions.

Le gouvernement chinois est attaché à l'idée de l'égalité des revenus et des chances, ce qui l'empêche de prendre des mesures vraiment efficaces sur le marché immobilier. Il s'agit d'éviter que les déséquilibres de la société ne s'aggravent. Dans un premier temps, les taux d'intérêt hypothécaires seront donc abaissés et les banques seront instruites d'assouplir les critères d'octroi des hypothèques.

De telles mesures profitent également aux propriétaires immobiliers (potentiels) plus modestes. Mais l'ensemble du secteur immobilier et ses divers fournisseurs n'en profiteront pas sur un large front.

Les actions du secteur du luxe souffrent

La faiblesse de la Chine a eu un impact direct sur la valorisation des actions européennes du secteur du luxe, ce qui n'a rien de surprenant. Il y avait trop d'optimisme après un bon parcours, car même dans le secteur du luxe, les arbres ne montent pas jusqu'au ciel en ce moment.

Cependant, la faiblesse de la Chine a également pesé sur le moral des autres secteurs, même si l'espoir d'un soft landing de l'économie subsiste aux Etats-Unis.

Les revers boursiers ont donc mis en lumière le fait que cette hausse a des pieds d'argile.

Des pieds d'argile

La hausse a été principalement portée par les Fang plus (les dix actions tech les plus échangées, menées par Facebook (Meta), Amazon, Netflix, Nvidia, Google (Alphabet) et Apple). Les actions Fang ont à elles seules progressé de 67% depuis le début de l'année. L'expérience montre que le fait qu'un marché soit porté par quelques actions n'est pas bon signe.

De plus, c'est surtout l'imagination autour des thèmes de l'intelligence artificielle et des médias sociaux qui donne des impulsions. Il est certain que ces deux domaines entraînent des changements parfois importants.

En tant que société d'investissement, nous utilisons par exemple l'intelligence artificielle depuis plusieurs années pour surveiller un éventail d'investissements aussi large que possible et prendre ainsi des décisions d'investissement encore plus pertinentes.

Profiter des cours bas pour revenir sur le marché?

Cela nous amène à la question de savoir comment les choses vont évoluer sur les marchés boursiers et si le moment est venu de revenir sur le marché.

La réponse courte à la deuxième partie de cette question est non. Les taux d'intérêt sont plutôt en train de remonter, ce qui n'augure rien de bon pour l'évolution des cours boursiers dans les semaines et mois à venir. A cela s'ajoute le fait que les mois d'août et de septembre sont souvent difficiles sur les marchés boursiers. Le début de ces deux mois n'était déjà pas très prometteur.

Néanmoins, on peut également constater qu'un krach n'est pas à craindre pour le moment. Les choses vont trop bien pour cela. L'évolution de la Chine, mentionnée au début, a tout de même des effets positifs sur les attentes en matière d'inflation et de taux d'intérêt. Si les matières premières montrent des signes de faiblesse, cela laisse peut-être plus de place du côté des taux d'intérêt - bien que dans le cas du pétrole, l'Opep veille naturellement à maintenir l'équilibre entre l'offre et la demande.

C'est aussi la raison pour laquelle nous recommandons désormais une surpondération des valeurs énergétiques. Nous continuons à apprécier le secteur de la santé. Nous sommes également positifs pour Consumer Staples.

En ce qui concerne le marché suisse des actions, il se maintient bien, malgré ou justement à cause du franc fort. Dans le secteur de la santé, Sonova et Straumann font partie de nos titres préférés.

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