Après la période estivale, les réunions de septembre des banques centrales offrent un panorama de leurs perspectives actualisées.
Alors que nous nous attendons à ce que la Fed maintienne ses taux et à ce que sa rhétorique soit plus dovish, nous pensons que la BoE augmentera ses taux de 25 points de base et laissera entrevoir la possibilité d’une nouvelle hausse. Toutefois, la décision que prendra la BCE ce jeudi reste incertaine.
L’inflation globale et l’inflation de base dans la zone euro se maintiennent à 5,3% en glissement annuel, et ce chiffre est encore plus élevé dans le plus grand pays de la zone euro, l’Allemagne, avec 6,4%. Par ailleurs, la croissance des salaires reste forte, ce qui laisse penser qu’une nouvelle hausse des taux de la BCE pourrait s’avérer nécessaire. D’autre part, les résultats les plus récents de l’enquête PMI en Europe ont montré des chiffres faibles dans les secteurs des services et de l’industrie manufacturière, à 47,9 et 43,5 respectivement. Un chiffre inférieur à 50 indique que les personnes interrogées pensent que le secteur se contracte et est donc considéré comme un bon indicateur d’une éventuelle récession. Une fois de plus, l’économie allemande s’est révélée fragile, avec un PMI de 39,1 dans le secteur manufacturier. Le dilemme des membres de la BCE s’est manifesté ce matin dans la mise à jour des prévisions pour 2024 pour la zone euro, où l’inflation est passée de 2,8% à 2,9%, tandis que les perspectives de croissance ont chuté de 1,6% à 1,3%.
Ces données difficiles ont conduit à une divergence de points de vue parmi les membres de la BCE. Kazimir et Wunsch ont respectivement déclaré que la BCE devrait «faire un pas de plus» en septembre et qu’elle a encore «un peu plus» à faire. Mais dans ce même laps de temps, Centeno, membre de la BCE, a mis en garde contre l’idée d’en faire trop, et Schnabel a souligné que la croissance était «plus faible que prévu».
Ainsi, alors que le jour de la décision se rapproche, le consensus semble loin d’être atteint. Après neuf hausses consécutives par la BCE, nous nous demandons si elle peut, comme la Fed en juin, «passer son tour» ou faire une «pause hawkish», pour essayer de satisfaire ses membres les plus hawkish, mais aussi montrer au marché qu’elle reste consciente que l’inflation est toujours supérieure à l’objectif. Nous estimons toutefois que dans ce scénario, une hausse en novembre est probable, étant donné que les données sur la croissance commencent à se redresser.
Qu’elle passe son tour en septembre ou qu’elle augmente de 25pb n’aura pas d’effet majeur sur les marchés, à l’exception des effets sur la partie courte des courbes de l’euro. En réalité, la majeure partie du travail de la banque centrale a déjà été effectuée et, bien qu’il soit intéressant de connaître ses prévisions et sa volonté de réagir à certains scénarios à l’avenir, elle observera, tout comme nous, les données montrant comment le cycle de hausse affecte l’économie réelle pour déterminer les prochaines étapes de sa politique monétaire.