La BCE reprend le contrôle

François-Xavier Chauchat, Dorval Asset Management

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Le spread entre le BTP italien et le Bund allemand passe en quelques jours de 240 pb à 189 pb.

©Keystone

Avec des indices boursiers qui ont effacé leur hausse de 2021 et la plus grande correction obligataire de l’histoire, les investisseurs se demandent légitimement si l’assainissement est suffisant pour revenir sur les marchés financiers. En la matière, il y a de bonnes et de mauvaises nouvelles.

L’annonce de la BCE apaise les investisseurs

Pour ce qui est des bonnes nouvelles. La correction de valorisation sur les marchés des actions laisse désormais apparaitre des opportunités pour les «stock-pickers» avec une approche à long terme. Du côté des chiffres économiques, le scénario de modération reprend du poil de la bête après le coup de bambou des chiffres d’inflation américains du mois de mai. Les permis de construire aux Etats-Unis baissent de 10% depuis leur point haut de fin 2021. Cependant, le niveau de confiance dans le secteur immobilier reste toujours élevé par rapport à l’indice NAHB des constructeurs, 67 en juin ce qui correspond peu ou prou au même niveau que celui du boom immobilier de 2003-2005. Modération également du côté des ventes au détail (-0,3% en mai) notamment du fait d’une baisse de 3,5% des ventes d’automobiles. Les enquêtes de conjoncture dans le secteur manufacturier conduites par les Fed régionales dans les premiers jours du mois de juin confirment par ailleurs la réduction des tensions d’approvisionnement.

Autre bonne nouvelle, la Banque centrale européenne a réussi à reprendre le contrôle des spreads de taux entre les pays périphériques et l’Allemagne en annonçant, à l’issu d’une réunion d’urgence, la prochaine mise en place d’un outil de lutte contre la fragmentation (sans donner beaucoup de détails opérationnels à ce stade). Le spread entre le BTP italien et le Bund allemand passe en quelques jours de 240 points de base à 189 pb (le gouverneur de la Banque d’Italie, Ignazio Visco, a suggéré un niveau d’équilibre de 150 pb selon lui). Du côté des mauvaises nouvelles, les tensions autour du pétrole et du gaz ne diminuent pas. Malgré les craintes de récession, les cours du brut restent très élevés (au-dessus de 120 dollars pour le Brent) sans doute alimentés par le rebond attendu de la demande chinoise et de la saison touristique des pays développés. Les prix du gaz remontent fortement du fait de la réduction drastique des livraisons de gaz à travers le gazoduc Nord Stream, en particulier en Allemagne.

Surveiller l’inflation comme le lait sur le feu

Enfin, la Réserve fédérale a monté ses taux de 75 pb, soit 25 bp de plus que ce que Jerome Powell annonçait il y a encore deux semaines. Les investisseurs s’attendent désormais à des taux sur les fonds fédéraux atteignant 3,5% en fin d’année et un maximum de 3,75% au premier trimestre 2023. A court terme, ces anticipations plus agressives protègent mieux le marché contre de nouvelles fortes hausses de taux. A moyen terme, cependant, il faudra s’assurer que l’inflation sous-jacente s’oriente bien sur le chemin plutôt optimiste des prévisions de la Fed et du consensus des économistes. Sinon, des taux nettement plus élevés seront nécessaires pour briser l’inflation. Les primes de risque sur les taux ne sont donc peut-être pas encore suffisantes étant donné l’incertitude sur la croissance et l’inflation future.

Au cours des deux dernières semaines, la hausse des prix du pétrole et du gaz naturel et l’élargissement des pressions inflationnistes aux Etats-Unis et en Europe ont conduit à réduire les taux d’exposition aux actions dans les portefeuilles flexibles internationaux et européens. Il faut continuer d’adapter ces taux d’exposition avec une grande flexibilité en fonction de l’économie et des marchés.

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