Deux scénarios pour l’inflation

François-Xavier Chauchat, Dorval Asset Management

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L’hypothèse d’un pic d’inflation serait renforcée par une poursuite de la stabilisation des prix des matières premières.

La stabilisation récente des matières premières et les bons chiffres d’inflation sous-jacente aux Etats-Unis suggèrent que le point haut de l’inflation pourrait être proche. Même dans cette hypothèse, la Fed et la BCE poursuivront sur la voie de la normalisation des politiques monétaires.

Avec une hausse de +1,2% au mois de mars, l’indice des prix à la consommation a progressé de +8,5% aux Etats-Unis sur an, au plus haut depuis 40 ans. Hors alimentation et énergie, cependant, la hausse n’a été que de +0,3% sur le mois. La baisse des prix des voitures d’occasion (-3,8%), après deux années de forte hausse, témoigne d’un début d’accalmie des effets de pénuries que la crise du COVID avait provoqués. Ces effets représentant une part importante du choc inflationniste, leur atténuation pourrait nourrir l’espoir que le pic d’inflation a été atteint. Cela permettrait au scénario d’atterrissage en douceur de l’économie américaine de regagner en crédibilité. La trajectoire et le timing de cette accalmie reste cependant très difficile à anticiper.

Encore très hypothétique, le scénario d’un pic puis d’une modération progressive de l’inflation au second semestre serait clairement favorable aux marchés des actions.

Le scénario d’un pic d’inflation serait renforcé par une poursuite de la stabilisation des prix des matières premières. Le prix du pétrole Brent reste sous les 120 dollars malgré les discussions en cours sur un possible embargo européen sur le pétrole russe. Le ralentissement chinois lié au confinement de nombreuses villes joue certainement un rôle dans cette stabilisation. De plus, la probabilité d’un embargo total de l’Europe sur l’énergie russe reste limitée par les craintes d’une récession induite, en particulier en Allemagne. En décalage avec les conclusions de certains autres chercheurs, les instituts économiques qui conseillent le gouvernement allemand prévoient en effet qu’un embargo sur le pétrole et le gaz russe provoquerait une forte récession (-2,2% en 2023 avec une perte de 400'000 emplois). Les incertitudes restent donc importantes sur l’évolution des matières premières car nul ne sait quel prix l’Europe est prête à payer pour mettre une pression maximale sur la Russie.  

Encore très hypothétique, le scénario d’un pic puis d’une modération progressive de l’inflation au second semestre serait clairement favorable aux marchés des actions. Ce scénario diminuerait en effet les risques de récession. Il ne modifie pas, cependant, le constat de l’inadéquation de la politique monétaire actuelle, avec des taux d’intérêt à court terme considérablement inférieurs à l’inflation malgré un quasi plein emploi. La Fed va donc accélérer la normalisation de sa politique en montant plusieurs fois ses taux par pas de 50 points de base, voire plus, et en réduisant son bilan. La BCE devrait, elle, mettre fin à ses achats d’actifs au cours de l’été et pourrait annoncer la fin des taux négatifs d’ici la fin de l’année.

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