Le président de la Fed, Jerome Powell, voit d’un bon œil le fait que la hausse des taux directeurs n’a pas fait bondir le chômage.
Le dernier rapport sur l’emploi salarié aux Etats-Unis a montré quelques signes de détente: l’économie a créé 187'000 emplois nets en juillet, un peu moins que les 200'000 prévus par le consensus. La moyenne mobile sur trois mois est ainsi tombée à 218'000, son plus bas niveau depuis janvier 2021, et les chiffres des deux mois précédents ont été revus à la baisse.
La réaction initiale des participants au marché semble suggérer que la probabilité d’un nouveau tour de vis de la Réserve fédérale américaine (Fed) s’amenuise. Les cours des contrats à terme sur les Fed funds (fonds déposés par les banques commerciales qui ont des exigences de réserves obligatoires auprès des Réserves fédérales régionales) n’ont guère varié.
En revanche, le rendement des bons du Trésor américain à deux ans a baissé, tout comme l’indice du dollar (DXY), qui suit les fluctuations du billet vert face à six autres grandes devises.
La Recherche d’UBS est toujours d’avis que le relèvement des taux de la Fed de 25 points de base (pdb) en juillet était probablement le dernier du cycle actuel. Car la décrue de l’inflation se poursuit et la croissance économique décélère en réaction à la hausse cumulée de 525 pdb des taux directeurs depuis mars 2022. Il s’agit en fait du cycle de resserrement monétaire le plus rapide depuis les années 1980. Les récents chiffres de l’emploi sont plus ou moins cohérents avec divers éléments qui suggèrent qu’une détente du marché du travail est en cours.
Néanmoins, les investisseurs auraient tort de tenir la fin du cycle de relèvement des taux de la Fed pour acquise étant donné les éléments qui mettent en évidence la bonne tenue du marché du travail. Explications en trois points.
1. La demande de main d’œuvre reste forte à en juger par le dernier rapport Job Openings and Labor Turnover Survey
Les postes à pourvoir ont fléchi à 9,58 millions en juin mais restent nettement plus nombreux que les 5,84 millions de chômeurs, dont le rapport sur l’emploi salarié non agricole a fait état.
2. Le chômage est toujours au plus bas depuis des décennies
Le président de la Fed, Jerome Powell, voit d’un bon œil le fait que la hausse des taux directeurs n’a pas fait bondir le chômage. Ce faible taux de chômage limite le risque que les consommateurs ne réduisent leurs dépenses par peur de perdre leur emploi, ce qui accroît la probabilité d’un atterrissage en douceur de l’économie.
Le taux de chômage est tombé à 3,5% en juillet contre 3,6% en juin, à seulement 0,1 point de pourcentage du taux de 3,4% enregistré en mai, qui était le plus bas observé depuis 1969. Il est également nettement inférieur à la dernière estimation médiane de la Fed, à savoir 4,1% au quatrième trimestre.
3. La Fed guettera des preuves plus convaincantes d’un ralentissement de l’inflation salariale
Depuis le début de l’année 2023, la progression annuelle du salaire horaire moyen oscille entre 4,2 et 4,6%. En juillet, elle est ressortie à 4,4%, comme en janvier. D’autres indicateurs de l’inflation salariale témoignent d’une décrue.
C’est notamment le cas du baromètre des salaires (moyenne mobile sur trois mois) de la Fed d’Atlanta, qui est ressorti en baisse de 5,6% en juin après avoir culminé à 6,7% en août 2022. Néanmoins, on est encore loin d’un niveau compatible avec une inflation des prix à la consommation de 2%, soit le taux visé par la Fed.
Tout bien considéré, la situation sur le front de l’emploi reste contrastée. Même si les chiffres ne justifient pas un relèvement des taux directeurs à l’occasion de la prochaine réunion de son comité de politique monétaire le 20 septembre, la Fed espère probablement de nouveaux signes de détente du marché du travail.
D’ici au 20 septembre, la Fed devra encore analyser l’indice des prix à la consommation (IPC) pour le mois de juillet et un autre rapport mensuel sur l’emploi, ainsi que celui sur l’inflation.
Dans ce contexte incertain et alors qu’une baisse des taux directeurs ne semble pas être pour demain, les actions américaines n’ont pas le vent en poupe et il est préférable de privilégier les pans de marché restés à la traîne pendant le rebond cette année.
La Recherche d’UBS affiche une préférence pour les actions émergentes, ainsi que pour les valeurs internationales de la consommation de base et de l’industrie. Sur le marché américain, sa préférences va aux indices équipondérés – qui diluent l’impact d’une poignée de valeurs de croissance de méga-capitalisation surévaluées – plutôt qu’aux indices pondérés par la capitalisation boursière.