Investir lorsque les banques centrales relèvent leurs taux à marche forcée

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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La tendance aux relèvements de taux drastiques se poursuit. La Banque centrale européenne et la Banque du Canada ont toutes deux relevé leurs taux de 75 points de base.

©Keystone

En outre, les spéculations vont bon train sur un troisième relèvement consécutif d’une telle ampleur par la Réserve fédérale américaine (Fed) à l’issue de sa réunion des 20 et 21 septembre. Surtout si l’on se réfère aux déclarations du président de la Fed de Chicago, Charles Evans, qui a jugé cette hypothèse «tout à fait plausible». Le président de la Fed, Jerome Powell, a insisté sur le fait que pour juguler l’inflation, il faut «agir dès maintenant, sans tergiverser».

Même si la publication de l’indice des prix à la consommation (IPC) du mois d’août devrait confirmer la décrue aux Etats-Unis, l’inflation n’a peut-être pas encore atteint son apogée dans la zone euro ou au Royaume-Uni. La Fed attendra probablement au moins trois mois de données rassurantes sur l’inflation, ainsi que des signes tangibles de détente du marché de l’emploi, pour envisager de se montrer plus conciliante.

Dans ce contexte, le potentiel de hausse des actions semble limité d’ici à juin 2023, ce qui oblige les investisseurs à accentuer leur exposition de manière plus ciblée. La Recherche d’UBS privilégie les stratégies susceptibles d’enregistrer une bonne performance dans différents scénarios. Tour d’horizon en trois points.

1. Rechercher les pans du marché qui résistent bien lorsque la croissance ralentit

Le resserrement monétaire orchestré par les banques centrales n’est qu’un frein à la croissance parmi d’autres. Le risque de pénurie d’énergie en Europe s’est accentué après la récente décision de la Russie de fermer les vannes du gazoduc Nord Stream 1. Par ailleurs, les restrictions à la mobilité liées au COVID-19 en Chine restent un frein pour la deuxième économie mondiale.

Par conséquent, il convient de privilégier les segments plus défensifs du marché des actions, les obligations les mieux notées et le franc suisse. La Recherche d’UBS maintient sa position Least Preferred à l’égard de l’euro. Compte tenu des freins à la croissance économique dans la zone euro et de la crainte d’une pénurie d’énergie dans la région, la normalisation rapide de la politique de la BCE ne suffira sans doute pas à empêcher une rechute de l’euro à l’approche de l’hiver.

S’agissant des actions, la préférence pour les valeurs internationales du secteur de la santé reste d’actualité étant donné leurs perspectives de croissance attrayantes à long terme. Ce secteur regorge d’entreprises de qualité au profil défensif, qui offrent une confortable rémunération à leurs actionnaires et qui présentent une valorisation raisonnable.

Le secteur de la consommation de base est également apprécié. Il est traditionnellement bien armé pour résister au ralentissement de l’économie. En outre, il a tendance à surperformer le marché dans son ensemble lorsque les indicateurs avancés tels que l’indice ISM fléchissent. Cliquez ici pour en savoir plus.

2. Les valeurs décotées ont de bonnes chances de surperformer les valeurs de croissance

En dépit du relèvement à marche forcée des taux directeurs à travers le monde, l’inflation restera supérieure aux objectifs des banques centrales pendant un certain temps encore. Par exemple, la BCE table désormais sur une inflation supérieure à 2% jusqu’en 2024 (8,1% sur l’ensemble de l’année 2022 et 5,3% en 2023). Les valeurs décotées surperforment généralement les valeurs de croissance en période de forte inflation.

Dès lors, la Recherche d’UBS privilégie notamment le secteur de l’énergie. La demande de pétrole souffrira du ralentissement de la croissance mondiale. Néanmoins, on peut toujours tabler sur un rebond après la récente baisse des cours du baril de Brent (94 dollars à l’heure actuelle, contre 105 dollars fin août).

D’autant que le recours au pétrole pour produire de l’électricité augmente (en raison des prix élevés ou de l’offre limitée de gaz et de charbon), que les gouvernements cesseront bientôt de puiser dans les réserves stratégiques et que les pays européens réduisent progressivement leurs importations de pétrole russe. Cliquez ici pour en savoir plus sur les valeurs décotées.

3. Se préparer à de nouveaux accès de volatilité

La Fed a clairement fait savoir que sa priorité était de lutter contre l’inflation, quitte à laisser les acteurs économiques souffrir. De son côté, la BCE a indiqué qu’elle privilégiait un relèvement rapide de ses taux. Cela se traduira certainement par de nouveaux accès de volatilité sur les marchés.

Selon la Recherche d’UBS, les stratégies de protection du capital et d’allocation d’actifs dynamique sont de bons moyens d’adopter un positionnement plus défensif. On décèle des opportunités qui permettent de générer du rendement dans un contexte de volatilité des devises, des matières premières et des actions. Cliquez ici pour en savoir plus.

En conclusion, le resserrement monétaire à marche forcée n’est pas une raison pour rester sur la touche car il subsiste des opportunités sur les marchés. Les investisseurs feraient aussi bien de recourir aux actifs alternatifs, tels que les hedge funds et les actifs non cotés, pour se diversifier sur des marchés volatils.

Comme la crise énergétique mondiale ne fera qu’accélérer la transition vers la neutralité carbone, elle mettra en évidence plusieurs domaines qui recèlent des opportunités. En particulier dans la thématique d’investissement baptisée chez UBS «L’ère de la sécurité». Les secteurs d’investissement à long terme associés (propreté de l’air et réduction des émissions de CO2, efficacité énergétique, mobilité intelligente, technologies vertes, etc.) auront aussi le vent en poupe.

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