Investir en période de regain d’aversion au risque sur les marchés

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Il y a dix jours, le S&P 500 a chuté de 4,8%. Il a enregistré sa plus grosse déconvenue depuis juin et il a cédé le terrain gagné début septembre.

© Keystone

La principale déconvenue du S&P 500 est intervenue après la publication de l’indice des prix à la consommation (IPC) aux Etats-Unis pour le mois d’août. En effet, ces chiffres ont semé le doute sur la capacité de la Réserve fédérale américaine (Fed) à juguler l’inflation. En glissement mensuel, l’inflation sous-jacente est ressortie en hausse de 0,6%, contre 0,3% en juillet.

Les craintes de récession

Le spectre de la récession a resurgi lorsque le géant américain de la livraison de colis FedEx a fait état de signes d’érosion de la demande mondiale en marge de la publication de ses résultats trimestriels. Quelques jours plus tôt, certaines statistiques économiques américaines ont déçu les investisseurs.

Le groupe de contrôle des ventes au détail, à savoir la part des ventes au détail qui est directement intégrée aux estimations de dépenses de consommation personnelles incluses dans le PIB, a été stable en août, tandis que le consensus tablait sur une hausse de 0,5%. L’indicateur GDPNow de la Fed d’Atlanta est tombé à un niveau qui implique une croissance annualisée de seulement 0,5% au troisième trimestre, contre 1,3% précédemment.

Ne pas déserter les marchés

L’aversion au risque sur les marchés a incité certains investisseurs à se réfugier dans les liquidités. Les gérants de fonds ont porté leur allocation aux liquidités à 6,1% en septembre, selon une étude de BofA Global Research.

Néanmoins, il est déconseillé aux investisseurs de déserter les marchés, d’autant que la forte inflation érode la valeur des liquidités. En outre, il est difficile de trouver le bon timing pour revenir sur les marchés, au risque de rater les rebonds. La Recherche d’UBS recommande plutôt d’accentuer l’exposition de manière sélective. Tour d’horizon en trois points.

1. Privilégier les pans du marché qui résistent bien au ralentissement de la croissance et au dérapage de l’inflation

Même si le repli a été général ces derniers jours, les valeurs décotées ont surperformé les valeurs de croissance. En effet, l’indice MSCI World Value a cédé 3,1%, contre 5,3% pour l’indice MSCI World Growth. Depuis le 1er janvier, les valeurs décotées surperforment les valeurs de croissance de 15 points de pourcentage. Historiquement, elles prennent le dessus lorsque l’inflation est supérieure aux objectifs des banques centrales. Même si la Fed finira certainement par maîtriser l’inflation, cette dernière restera supérieure au taux de 2% visé par la banque centrale pendant un certain temps.

La Recherche d’UBS affiche aussi une préférence pour les secteurs qui, à l’instar des biens de consommation et de la santé, sont moins vulnérables au risque de récession. D’ailleurs, ces deux secteurs surperforment le marché dans son ensemble d’environ 8 points de pourcentage cette année.

2. Tirer parti de la volatilité

Compte tenu de la forte incertitude macroéconomique et géopolitique, les marchés devraient rester turbulents dans les mois à venir. L’indice VIX, un baromètre de la volatilité implicite des actions américaines, se situe à plus de 27 points, un niveau qui correspond à des fluctuations intra journalières du S&P 500 d’environ 1,7%.

Toutefois, les investisseurs peuvent adopter des stratégies pour atténuer la volatilité, et même en tirer parti. L’une des façons de réduire la volatilité consiste à échanger les positions sèches contre des produits structurés ayant le même actif comme sous-jacent, ce qui permet d’ajouter un certain degré de protection du capital.

Ces stratégies permettent aux investisseurs de rester exposés, d’atténuer le risque de perte pour leur portefeuille en cas de baisse et de profiter d’une éventuelle progression des marchés. En outre, les investisseurs peuvent profiter de la volatilité élevée pour dégager un rendement grâce aux devises, aux matières premières et aux actions. Cliquez ici pour en savoir plus.

3. Les hedge funds peuvent être un levier de diversification efficace car ils sont performants lorsque les marchés baissent et qu’ils sont volatils

Certaines stratégies de hedge funds peuvent permettre de s’exposer aux marchés de façon défensive ou d’atténuer les risques. En effet, elles sont généralement moins sensibles aux marchés internationaux et elles mettent l’accent sur la gestion des risques, ainsi que sur l’atténuation des pertes.

Sur les huit premiers mois de l’année, l’indice HFRI Fund Weighted Composite n’a cédé que 4%. A titre de comparaison, l’indice MSCI All Country World a dévissé de 19% et l’indice Barclays Global Aggregate Bond de 16%.

Les hedge funds de type global macro ont rapporté 9,3% sur les huit premiers mois de l’année, notamment grâce aux stratégies axées sur les matières premières, sur la gestion discrétionnaire fondamentale dans les pays développés et sur le suivi de tendance quantitatif. Ces fonds ont souvent une grande marge de manœuvre qui leur permet de prospérer lorsque les marchés sont tumultueux ou orientés à la baisse. Cliquez ici pour en savoir plus.

Dès lors, il est conseillé aux investisseurs de ne pas céder à la tentation de déserter les marchés. Ils feraient mieux de positionner leur portefeuille de manière à ce qu’il signe une belle performance dans différents scénarios.

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