House of cards – La semaine des marchés par ODDO BHF

Arthur Jurus, ODDO BHF

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Réaction des banques centrales: la Fed et la BCE réduiront leur soutien monétaire l’an prochain.

Les banques centrales durcissent le ton en cette fin d’année. L’inflation aux consommateurs poursuit son accélération. Celle-ci s’affiche désormais à 6,8% aux États-Unis, 4,9% en zone euro et 1,5% en Suisse. Pour les producteurs, les taux de croissance atteignent respectivement 9,6%, 21% et 5,8%. Le pic tant attendu n’adviendra qu’en 2022. En réaction, les banques centrales réagissent. Mercredi, la Réserve Fédérale a doublé la réduction des rachats d’actifs et a annoncé vouloir augmenter son taux directeur par 75 points de base l’an prochain. Jeudi, la Banque centrale européenne a annoncé la fin de ses rachats d’actifs d’urgence pandémie en mars 2022, celle d’Angleterre a augmenté son taux directeur de 15 points de base et celle Suisse s’est engagée à intervenir autant que nécessaire pour limiter l’appréciation du franc.

L’évolution des devises en 2022 dépendra davantage des réactions des banques centrales. Nous distinguons trois groupes. Celles qui n’envisagent pas de durcir leur politique monétaire car le taux d’inflation reste modéré comme les banques centrales suisse (inflation à 1,5% sur un an), japonaise (0,1%) et chinoise (2,3%). Ces dernières disposent de taux réels plus stables qui favorisent leur monnaie. C’est par exemple le cas du CNY qui s’apprécie de 2,5% face à l’USD cette année. Ensuite, les banques centrales qui doivent réagir à une forte inflation mais dont les attentes de hausses des taux restent contenues. C’est le cas de la BCE. Enfin, le troisième groupe doit composer avec une inflation et des attentes de hausses de taux élevées comme la Fed (6,8%) et la Banque d’Angleterre (5,1%). En pré-annonçant 3 hausses du taux en 2022, la Fed s’est alignée sur les attentes des investisseurs qui ont soutenu l’appréciation du dollar de 7% en 2021.

La tendance haussière sur le dollar pourrait s’essouffler. Celle-ci est actuellement expliquée par (i) les hausses des taux Fed attendues en 2022, et (ii) par des révisions positives sur les résultats des entreprises américaines par rapport au reste du monde. Or, ces deux facteurs se renverseront l’an prochain. D’une part, l’inflation décélèrera aux Etats-Unis de 4,6% en 2021 à 3,9% l’an prochain selon nos économistes. Nous n’attendons donc pas davantage de hausse des taux au-delà de celles annoncées. D’autre part, les révisions nettes sur les résultats des entreprises progresseront davantage en Europe selon le consensus des analystes. Cela réduira la demande en dollar pour acheter des actions américaines. La stratégie proactive de la Fed fonctionne mais suppose une baisse rapide du taux d’inflation en 2022. C’est ce château de cartes qui justifie de rester négatif sur l’USD.

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