Gérer son exposition aux actions chinoises

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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L’optimisme est de mise à moyen terme. Mais, le risque réglementaire subsiste, ce qui plombe les perspectives à court terme.

Ces derniers mois, les actions chinoises ont sous-performé en raison notamment de la pression réglementaire sur le secteur technologique et sur celui de l’enseignement privé. L’indice MSCI China a dévissé de 14% en juillet, tandis que les actions mondiales ont progressé de 0,7%.

Les mesures les plus récentes concernent le secteur de l’enseignement privé. Elles sont nettement plus drastiques que le tour de vis donné précédemment à l’encontre des entreprises technologiques, qui portait sur des questions telles que la libre concurrence et la confidentialité des données. 

Le gouvernement chinois a pris une décision très claire à l’encontre de tous les organismes de soutien scolaire, qui devront être à but non lucratif. La capitalisation boursière du secteur s’est évanouie dans la foulée de cette annonce. Le gouvernement a également interdit le recours aux capitaux étrangers dans ce secteur, ainsi que la publicité pour les services de soutien scolaire.

A présent, les investisseurs cherchent à y voir plus clair quant à l’évolution de la réglementation et ils se posent certaines questions. Tour d’horizon.

1. Y a-t-il d’autres secteurs dans lesquels les entreprises seront contraintes de devenir des organisations à but non lucratif? 

Probablement pas. Selon la Recherche d’UBS, l’intervention de Pékin dans le secteur du soutien scolaire n’est pas de la même nature que le durcissement réglementaire dans certains segments de la nouvelle économie, par exemple. 

Le gouvernement chinois a souligné que l’enseignement est un bien public et que le coup de frein donné à l’essor du soutien scolaire vise à atténuer le fardeau financier qui pèse sur les parents d’enfants en âge d’aller à l’école et, plus généralement, sur la natalité. 

Pékin continue de mettre l’accent sur son objectif à long terme
d’autosuffisance technologique et de leadership à l’échelle mondiale.

S’agissant du secteur technologique, Pékin continue de mettre l’accent sur son objectif à long terme d’autosuffisance technologique et de leadership à l’échelle mondiale. Par exemple, il ne faut pas s’attendre à ce que le gouvernement fasse de l’internet un secteur à but non lucratif. 

Même si le risque réglementaire continuera sans doute de planer sur les secteurs sensibles d’un point de vue social, comme l’immobilier et la santé, le gouvernement n’interdira probablement pas la recherche du profit dans ces domaines.

2. Le durcissement de la réglementation est-il déjà arrivé à son terme?

Pas encore. Il y a dix jours, la banque centrale chinoise et les principaux responsables politiques ont prévenu que le tour de vis réglementaire à l’égard de certains secteurs se poursuivrait. De nouvelles restrictions sont possibles dans certains pans de la nouvelle économie, de l’immobilier et de la santé. 

Compte tenu des propositions formulées ces douze derniers mois au sujet de la nouvelle économie, la Recherche d’UBS considère que la réglementation chinoise est déjà du même niveau, voire plus contraignante, que celle observée dans les autres grands pays du monde. Et ceci concerne plusieurs domaines comme les entreprises de VTC (Voiture de Transport avec Chauffeur), de livraison de repas, de commerce électronique et de technologies financières. 

Toutefois, la Chine accuse encore un certain retard par rapport aux pays développés en matière de confidentialité et de sécurité des données. Le durcissement de la réglementation dans ces domaines pourrait contrarier la monétisation prévue des données clients. 

S’agissant du marché immobilier chinois, qui conditionne grandement le bien-être des individus aux yeux des responsables politiques, le gouvernement continuera probablement, au second semestre, de freiner la hausse des prix des logements et du foncier au moyen d’une politique de financement immobilier restrictive. 

Il est possible que les autorités encadrent de manière
plus stricte les prix des consommables et des dispositifs médicaux.

Dans le domaine de la santé, le risque de net durcissement de la réglementation semble limité. Mais il est possible que les autorités encadrent de manière plus stricte les prix des consommables et des dispositifs médicaux, ce qui est de nature à peser sur la valorisation du secteur.

3. Y a-t-il encore des opportunités d’investissement parmi les actions chinoises offshores? 

Les actions chinoises offshores (actions émises par des sociétés chinoises mais qui sont cotées à Hong Kong et libellées en dollars de Hong Kong) présentent une prime de risque plus élevée qui pourrait perdurer dans l’immédiat. Toutefois, le rendement futur dépendra, cette année, sans doute largement de la croissance des bénéfices (notamment dans les secteurs cycliques et décotés). 

Il est recommandé aux investisseurs de sélectionner les titres dans des secteurs soutenus par la croissance des bénéfices et guère exposés au risque réglementaire. Les biens de consommation durables, ainsi que les services, l’énergie et la «greentech» sont quelques-uns des secteurs à privilégier. Plus généralement, il est judicieux de préférer les secteurs cycliques et décotés qui profitent de la relance et du déconfinement des économies à travers le monde.

Réévaluer son exposition aux actions chinoises

Par conséquent, l’optimisme est de mise à moyen terme pour les bénéfices et la valorisation des actions chinoises. Toutefois, le risque réglementaire subsiste, ce qui plombe les perspectives à court terme. 

Les investisseurs seraient bien avisés de revoir l’exposition totale de leur portefeuille à la Chine après la récente érosion des cours des actions. Les investisseurs sous-exposés à ce marché peuvent envisager de profiter de sa récente sous-performance pour accroître leur exposition aux secteurs et aux thèmes mentionnés précédemment. 

Quant aux investisseurs qui présentent une exposition excessivement concentrée, il leurs est recommandé de rééquilibrer l’exposition globale pour la rendre plus défensive ou de l’élargir au reste de l’Asie, aux Etats-Unis ou à l’Europe.

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