Il est trop tôt pour annoncer la fin du pari sur la relance

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Le scénario «Années folles» a été supplanté par celui d'une stagnation séculaire caractérisée par une croissance et une inflation atones.

Ces six derniers mois, les marchés des actions ont été influencés par la perspective d'une croissance économique plus forte, ainsi que par une inflation et des taux d'intérêt un peu plus élevés. Dans ces conditions, les actions ont eu le vent en poupe, notamment celles exposées à la relance.

Néanmoins, ces dernières semaines, ce scénario «Années folles» a été supplanté par celui d'une stagnation séculaire caractérisée par une croissance et une inflation atones, ainsi que par des taux d'intérêt bas.

Depuis la réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed) du mois de juin, le S&P 500 s'est adjugé 2,5% et les bons du Trésor américain ont également rebondi. Les valeurs de l'énergie et de la finance ont cédé 11,9% et 1,6% respectivement, tandis que les valeurs technologiques ont grimpé de 6,2%.

Les dessous de cette rotation

Cette rotation est imputable à plusieurs craintes. Premièrement que les taux d'inflation élevés entraînent un relèvement prématuré des taux directeurs de la Fed avec pour résultat un ralentissement de la croissance.

Il est toujours conseillé aux investisseurs de se positionner dans l'optique du déconfinement et de la reprise.

Deuxièmement que la propagation du variant Delta perturbe la reprise économique mondiale. Et finalement que le ralentissement de la dynamique de croissance, ainsi que l'inflexion de la politique de Pékin, alimentent la défiance à l'égard de la Chine.

Ce changement de discours ambiant sur les marchés soulève de nombreuses questions chez les investisseurs. Selon la Recherche d’UBS, le scénario d'une stagnation séculaire est cependant infondé au regard des données actuelles. Explications.

1. Les peurs sont exagérées

La crainte qu'un resserrement prématuré de la politique de la Fed ou que le variant Delta du coronavirus ne fassent dérailler la reprise économique est exagérée. L'inflation a probablement un caractère transitoire et elle enregistrera une décrue grâce à l'atténuation des difficultés d'approvisionnement liées à la pandémie et la baisse des effets de base. L'inflation à court terme n'obligera sans doute pas les responsables politiques à opérer un resserrement excessif, d'autant que les critères de la Fed en matière d'emploi ne sont pas encore réunis.

Le variant Delta pourrait impliquer une reprise économique plus irrégulière selon les pays, avec un déconfinement qui s'annonce plus lent dans certaines économies émergentes qu'aux Etats-Unis et qu’en Europe. Toutefois, les vaccins semblent efficaces pour ce qui est d'atténuer la pression sur le système de santé et les gouvernements devraient de plus en plus faire abstraction de la hausse du nombre de cas de Covid-19.

2. Le pari sur la relance est appelé à se poursuivre

La bonne santé financière des ménages, ainsi que la nécessité pour les entreprises de reconstituer leurs stocks et d'investir sont de nature à soutenir la croissance économique et les bénéfices. La Recherche d’UBS mise sur une croissance des bénéfices des entreprises du S&P 500 de 40% en 2021. En outre, le consensus, qui table sur une croissance de 10% en 2022, relèvera probablement cette prévision.

Il subsiste des opportunités en Asie, même si une approche plus sélective est de mise.

L’optimisme est de mise à l'égard des actifs risqués. Au second semestre, une hausse du rendement des bons du Trésor américain à dix ans est également attendue. Par ailleurs, il est toujours conseillé aux investisseurs de se positionner dans l'optique du déconfinement et de la reprise. La Recherche d’UBS continue d’afficher une préférence pour les secteurs de l'énergie et de la finance, ainsi que pour les actions émergentes.

3. Les opportunités en Asie demeurent

Il subsiste des opportunités en Asie, même si une approche plus sélective est de mise. En effet, les actions japonaises ont certainement les moyens de rattraper le retard accumulé dernièrement. D'autant que l'accélération de la campagne de vaccination au Japon facilite le déconfinement. Ces actions devraient également profiter d'une dépréciation du yen. Enfin, la Recherche d’UBS table sur une croissance des bénéfices de 40% pour les entreprises de l'indice MSCI Japan lors de l'exercice 2021 (clos en mars 2022).

En outre, la Recherche d’UBS a ramené sa recommandation tactique à l'égard des actions chinoises à Neutral. Ceci est dû au net durcissement de la réglementation à l'encontre des entreprises technologiques. Le potentiel de surperformance des valeurs de la nouvelle économie, qui représentent environ 50% de l'indice des entreprises chinoises cotées en dehors de Chine continentale, semble plus limité en l'absence de catalyseur ou de signal clair d'une accalmie dans le cycle actuel de durcissement de la réglementation.

Toutefois, à moyen/ long terme, les perspectives bénéficiaires des entreprises de la nouvelle économie chinoise restent prometteuses, notamment pour celles qui ont un lien avec les thématiques de l'économie digitale et de «la prochaine grande opportunité».

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