France: le repli du pouvoir d’achat pèse sur la consommation des ménages

Stéphane Colliac, BNP Paribas Asset Management

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Cette problématique devrait se poursuivre au deuxième trimestre.

La croissance du PIB a diminué au premier trimestre 2022 pour s’établir à 0% t/t (elle était à 0,7% t/t au quatrième trimestre 2021).Ce chiffre masque une détérioration plus marquée de la consommation des ménages (-1,3% t/t le premier trimestre). La forte hausse de l’inflation a pesé sur le pouvoir d’achat des ménages, dont nous estimons qu’il a baissé de 0,6% t/t au premier trimestre. Cette problématique devrait se poursuivre au deuxième trimestre: nous anticipons une baisse de la consommation des ménages de 0,7% t/t, prolongeant la quasi-stagnation du PIB (+0,1% t/t).

Selon la première estimation de l’Insee, la croissance du PIB français a été nulle au premier trimestre 2022. Le ralentissement de l’activité est notable par rapport au quatrième trimestre 2021 (croissance de +0,7% t/t), d’autant plus que la performance du premier trimestre a bénéficié d’une contribution positive du commerce extérieur (+0,1 point) et des stocks (+0,4 point). L’investissement des entreprises a lui aussi maintenu sa croissance (0,7% t/t), même si celle-ci devrait se réduire en raison de la montée de l’incertitude.

La consommation des ménages a subi un repli (-1,3% t/t), sous le poids d’une multiplication de contraintes. Aux difficultés d’offre qui concernent plusieurs postes (consommations automobile et textile inférieures sur le premier trimestre de 11,1% et 5,3% respectivement à leur niveau moyen de 2019 pré-Covid), sont venues s’ajouter des problématiques de pouvoir d’achat qui ont commencé à toucher des dépenses auparavant résilientes (repli de 1,7% t/t de la consommation alimentaire), tandis que les ménages réduisaient également leur consommation d’énergie (-2,7% t/t).

La forte hausse de l’inflation (4,8% a/a en avril contre 2,9% a/a en décembre 2021) vient en effet grever, de manière marquée, le pouvoir d’achat des ménages, dont nous estimons le repli à -0,6% t/t au premier trimestre. La baisse de la consommation des ménages (après +0,6% t/t au quatrième trimestre 2021) révèle la contrainte forte exercée par la perte de pouvoir d’achat. Selon nos calculs, le bouclier tarifaire (dont la hausse limitée à 4% en février du tarif règlementé de l’électricité) et le versement du reliquat du chèque inflation qui n’avait pas encore été versé en 2021 (pour 15 millions de français) ont permis de limiter cette perte de pouvoir d’achat qui, sans ces aides, aurait pu atteindre -1,6%.

Le soutien de la politique budgétaire aux ménages n’a pas empêché la nette dégradation entre février (96) et avril (88) de l’indice de confiance des ménages à la suite de la forte hausse du prix du carburant au mois de mars, et malgré la baisse de 18 centimes par litre accordée à partir d’avril. L’enquête de l’Insee montre notamment une nette dégradation de l’opinion des ménages sur leur capacité à épargner (attestant du choc sur leur pouvoir d’achat) et sur l’opportunité de faire des achats importants (-13 points en deux mois). La détérioration de 14 points en deux mois du climat des affaires dans le commerce de détail est un autre signal d’alerte. Nous nous attendons, en conséquence, à une nouvelle détérioration de la consommation des ménages au deuxième trimestre (-0,7% t/t selon nos prévisions), entraînant une nouvelle quasi-stagnation du PIB (+0,1% t/t).

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