France: la confiance des ménages se replie fortement

Stéphane Colliac, BNP Paribas Asset Management

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Jusqu’en février, l’inflation a augmenté mais la confiance des ménages ne s’est pas écartée de plus de 3 points en deçà de sa moyenne de long terme, suggérant un impact limité sur la consommation.

  • L’indice de confiance des ménages de l’Insee s’est contracté de 6 points en mars 2022, sous le poids d’une inflation élevée que les ménages s’attendent à voir encore accélérer. En parallèle, la crainte du chômage reste modérée (28 points en deçà de sa moyenne de long terme);
  • En variation trimestrielle, la hausse des prix à la consommation devrait atteindre 1,5% au premier trimestre (+4,5% en mars sur un an) selon nos estimations. Le deuxième trimestre devrait marquer une nouvelle hausse de l’inflation de 2,2% (un record depuis 1983), les prix hors énergie jouant, pour la première fois depuis un an, un rôle prépondérant.

D’après l’enquête mensuelle de conjoncture réalisée auprès des ménages par l’Insee, l’indicateur qui synthétise leur confiance a chuté de 6 points entre février et mars 2022. Un tel repli mensuel est rare. Il n’a été égalé ou dépassé qu’au moment de la récession de 1993 et du confinement d’avril 20201.

En mars 2022, le solde d’opinion concernant l’inflation passée s’est légèrement amélioré mais reste très dégradé (60 points au-dessus de sa moyenne de long terme). Celui sur l’inflation future connait une forte hausse (+50 points), entraînant une nette dégradation du jugement des ménages français sur leur niveau de vie futur (repli de 21 points). En parallèle, la crainte du chômage est restée modérée, légèrement supérieure à son niveau de février (où l’indicateur a atteint son plus bas depuis décembre 2007) mais 28 points en deçà de sa moyenne de long terme.

Jusqu’en février, l’inflation a augmenté mais la confiance des ménages ne s’est pas écartée de plus de 3 points en deçà de sa moyenne de long terme, suggérant un impact limité sur la consommation. Avec un écart de 9 points en mars, cet impact devient désormais probable.

L’estimation préliminaire du chiffre d’inflation pour le mois de mars sera publiée jeudi 31 mars. Elle devrait atteindre 4,5% a/a selon nos estimations (mesure nationale de l’Insee, 5,1% selon l’indice harmonisé). En variation trimestrielle, l’inflation atteindrait 1,5% t/t au T1 2022, la seule hausse des prix de l’énergie y contribuant pour un peu plus de la moitié.

Au deuxième trimestre, d’après nos prévisions, l’inflation poursuivrait sa hausse et atteindrait 2,2% t/t. Le point d’attention est la contribution des prix hors énergie qui devrait redevenir majoritaire pour la première fois depuis un an, expliquant près de 60% de l’inflation. L’inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation) continuerait également de se raffermir: après avoir atteint 2,5% a/a en février 2022 (dépassant pour la première fois le seuil des 2%), elle s’élèverait à 3,2% en juin (contre 5,5% pour l’inflation globale).

 

1 En 1974 et en 1982-83, l’indice de confiance des ménages s’est fortement dégradé également, mais la périodicité de la série statistique de l’Insee n’était alors pas mensuelle.

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