ETF Bitcoin au comptant: des débuts balbutiants

Jean-Christophe Rochat, Banque Heritage

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Malgré des turbulences initiales, l’adoption des ETF Bitcoin devrait accélérer l’adoption des actifs numériques par les grands investisseurs internationaux.

Le lancement des ETF Bitcoin au comptant, les libertariens en rêvaient, bien que certains commençaient à désespérer. Il faut dire que les régulateurs mondiaux ont longtemps interdit (comme en Chine), procrastiné et tergiversé (comme en Europe), avant de céder, d’abord au Canada puis aux Etats-Unis. En effet, après une longue bataille, les géants de Wall Street ont finalement obtenu, début janvier, l'autorisation de lancer des ETF basés sur le bitcoin au comptant. Comme rien n’est jamais simple avec les crypto-actifs, de multiples péripéties sont survenues jusqu’à la dernière minute. Certaines étaient essentielles, afin de ne pas octroyer d’avantage excessif aux institutions les plus puissantes (et ainsi d’éviter le «first-mover advantage»).

D’autres étaient plus obscures, comme la négociation de toute dernière minute avec l’important gérant d’actifs américain Grayscale, un pionnier des produits à terme sur le BTC. Ce dernier a finalement eu gain de cause face au régulateur et a pu organiser la conversion de son produit en ETF. Il n’empêche que des ventes massives en fin et début d’année (dont le fameux fonds ARKK de C. Wood) ont lourdement pesé sur le cours du bitcoin. Sans parler du vrai-faux piratage sur le réseau social X du site de la SEC, annonçant prématurément le Sésame du Régulate ETF Bitcoin au comptant: des débuts balbutiants

Malgré un démarrage poussif, l’adoption des ETF Bitcoin devrait accélérer l’adoption des actifs numériques par les grands investisseurs internationaux.

Le lancement des ETF Bitcoin au comptant, les libertariens en rêvaient, bien que certains commençaient à désespérer. Il faut dire que les régulateurs mondiaux ont longtemps interdit (comme en Chine), procrastiné et tergiversé (comme en Europe), avant de céder, d’abord au Canada puis aux Etats-Unis. En effet, après une longue bataille, les géants de Wall Street ont finalement obtenu, début janvier, l'autorisation de lancer des ETF basés sur le bitcoin au comptant. Comme rien n’est jamais simple avec les crypto-actifs, de multiples péripéties sont survenues jusqu’à la dernière minute. Certaines étaient essentielles, afin de ne pas octroyer d’avantage excessif aux institutions les plus puissantes (et ainsi d’éviter le «first-mover advantage»).

D’autres étaient plus obscures, comme la négociation de toute dernière minute avec l’important gérant d’actifs américain Grayscale, un pionnier des produits à terme sur le BTC. Ce dernier a finalement eu gain de cause face au régulateur et a pu organiser la conversion de son produit en ETF. Il n’empêche que des ventes massives en fin et début d’année (dont le fameux fonds ARKK de C. Wood) ont lourdement pesé sur le cours du bitcoin. Sans parler du vrai-faux piratage sur le réseau social X du site de la SEC, annonçant prématurément le Sésame du Régulateur.

Mais alors que les fans des crypto-actifs pensaient tenir leur revanche après un millésime 2022 fortement décevant, le lancement des ETF spot a fait «pschitt».

L’incertitude demeure

La question de la conformité reste pleine et entière. A quels clients ces investissements se destinent-ils? La SEC a d’ores et déjà annoncé que ses approbations ne «signalent rien sur son point de vue quant au statut des crypto-actifs en vertu des lois fédérales sur les valeurs mobilières ou sur l'état actuel de non-conformité de certains participants au marché des crypto-actifs avec les lois fédérales sur les valeurs mobilières». D’ailleurs, si Blackrock et Fidelity ont d’emblée rejoint la mêlée, d’autres très grands gestionnaires d’actifs, tels que Vanguard et JP Morgan, ont préféré rester en retrait.

La nature «controversée» du bitcoin reste inchangée. Les banquiers centraux le craignent. Et à juste titre. Peu règlementé, il est soupçonné d’être utilisé par des trafiquants et criminels, voire d’être liés à certains scandales financiers (comme celui impliquant FTX par exemple).

Le bitcoint n’ayant aucune valeur intrinsèque, personne ne sait l’évaluer. Parmi les outils raisonnables, Fidelity affirme que «Le bitcoin est porté par la taille et la croissance de son réseau, qui à son tour est porté par sa rareté («stock-to-flow») et par les taux réels (politique de la Fed)». C’est certes préférable à l’absence totale de critères d’évaluation, mais cela reste difficile à appréhender pour tout un chacun!

Des caractéristiques uniques source d’espoir

Les opposants aux crypto-actifs dénoncent leur extrême volatilité. Certes, mais selon l’analyse statistique rigoureuse, le résultat est pourtant bien différent. D’après les calculs de Fidelity, son ratio de Sharpe sur 5 ans, de 0,97 dépasse celui de tous les autres actifs (US ST debt = 0,79, US portfolio 60/40 = 0,74 ; S&P = 0,73, Gold = 0,63). Mieux, sa corrélation avec le S&P 500 est également parmi les plus faibles (+0,19%).

Sur le plan macro-économique, l’énorme fardeau du stock et du service de la dette obligera les décideurs politiques des grands pays développés à maintenir le niveau des taux d'intérêt réels proche de zéro. Cela implique donc de tolérer une inflation moyenne plus élevée, ce qui entrainera une érosion du pouvoir d’achat des monnaies. Cette forme de répression financière en devenir, dont les contours sont encore à définir, se traduira par une production abondante de liquidité. Cela favorisera les investissements qui constituent une protection contre le débasement monétaire, comme les actifs réels, les métaux précieux et les crypto-actifs.

La détérioration de la géopolitique mondiale et le désancrage de la Chine et des pays du Sud par rapport au dollar américain sont d'autres éléments favorables aux crypto-actifs. Après le long resserrement monétaire et la hausse corollaire des taux, le ciel se dégage pour les crypto-actifs.

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