Envolée des marchés

César Pérez Ruiz, Pictet Wealth Management

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Les marchés suspendus à l’actualité de l’inflation. Le dollar s’essouffle. L’effondrement d’une plateforme de crypto-monnaies incite à la prudence.

Les élections de mi-mandat aux Etats-Unis n’ont pas donné lieu à une «vague rouge», la victoire des Démocrates dans le Nevada leur assurant le contrôle du Sénat. Et bien que les Républicains puissent encore obtenir une courte majorité à la Chambre des représentants, le président Joe Biden dispose désormais d’une plus grande latitude pour appliquer sa politique et imposer ses nominations au sein de la magistrature. En raison de l’échec de presque tous les candidats soutenus par Donald Trump, ce dernier risque d’être contesté au sein du Parti républicain, notamment par le gouverneur de Floride Ron DeSantis – cela montre que la démocratie américaine résiste mieux qu’on le craignait. Historiquement, le scénario d’un Congrès divisé a favorisé les marchés, mais il faudra dans l’immédiat évaluer les chances d’une approche moins conflictuelle du processus consistant à relever le plafond de la dette fédérale avant la fin de l’année.

Après l’annonce d’une baisse plus importante qu’anticipé de l’inflation américaine en octobre, les marchés se sont fortement redressés. Les rendements à dix ans sont passés sous la barre des 4%, alors qu’une hausse des taux de 50 pb le mois prochain semble plus probable qu’une hausse de 75 pb et que les marchés tablent sur un taux final des Fed Funds inférieur à 5% (contre 5,25% précédemment). Mais la lutte contre l’inflation n’est peut-être pas terminée, car l’enquête de novembre de l’université du Michigan montre que les anticipations d’inflation des consommateurs progressent, à 5,1% pour l’année à venir et 3% en rythme annuel pour les cinq à dix années suivantes. Le modèle de prévision des prix à la consommation médians de la Fed de Cleveland suggère également une persistance de l’inflation sous-jacente. La baisse des rendements et l’anticipation d’un durcissement monétaire moins rapide aux Etats-Unis ont pesé sur le dollar, qui a enregistré jeudi dernier sa plus forte chute depuis 2009, tandis que l’or se redressait. Un éventuel ralentissement des hausses de taux de la Fed (potentiellement associé à un taux final plus bas) réduit la divergence de politique avec la Banque centrale européenne (BCE). Un rétrécissement de l’écart de taux d’intérêt avec l’Europe soutiendrait l’euro par rapport au dollar.

Les récents indicateurs sur le commerce, l’inflation et la demande de crédit montrent que l’économie chinoise reste fragile. Mais d’importantes nouvelles positives ont également été annoncées, incluant notamment un plan de soutien d’ampleur au secteur immobilier sinistré. L’espoir que des mesures politiques permettent au moins de stabiliser le secteur pousse les actions chinoises à la hausse et relance le marché des obligations à haut rendement, jusqu’ici particulièrement malmené. Parallèlement, la Commission nationale de la santé a annoncé un assouplissement des conditions de quarantaine pour les contacts rapprochés et les voyageurs entrant en Chine. Cet assouplissement, associé à l’engagement d’accélérer la distribution de vaccins et d’enclencher une réouverture progressive, stimule également les actifs chinois. En revanche, l’effondrement de FTX, bourse de crypto-monnaies très en vue, nous incite à redoubler de prudence vis-à-vis d’un secteur insuffisamment sécurisé et réglementé. Nous surveillerons cette semaine le sommet du G20, notamment la rencontre bilatérale entre Joe Biden et Xi Jinping prévue en guise de préambule, afin de détecter des signes éventuels de stabilisation des relations sino-américaines.

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