Dans ce troisième volet sur les enjeux de la mutualisation du KYC/KYB, nous explorons les perspectives et solutions pour le secteur financier avec l'initiative Wecan Comply, en partenariat avec la Blockchain Association for Finance (BAF). Nickolas Gallay, Compliance Officer et Risk Manager chez The Forum Finance Group (FFG), partage sa vision des défis actuels, des solutions en cours et de l'avenir de la mutualisation.
Les principaux défis pour la mutualisation du KYC/KYB
Le premier défi concerne la digitalisation des processus, une étape nécessaire pour toute mutualisation. L'abandon des formulaires papier est essentiel pour simplifier et accélérer les procédures.
Le deuxième défi est l'homogénéisation des formulaires digitaux. «Dans un monde idéal, chaque banque utiliserait le même formulaire, permettant de ne remplir qu'une seule fois les informations requises, indépendamment de la banque», explique Nickolas Gallay. Chaque institution pourrait avoir des particularités, mais la majorité des informations resterait commune.
Le troisième défi concerne la connectivité. «Nous avons déjà une connectivité entre les systèmes PMS (Portfolio Management System) et celui des banques pour la gestion des portefeuilles clients. La prochaine étape est de faire de même avec le CRM (Customer Relation Manager) avec les KYC/KYB, afin que les informations soient saisies une seule fois puis partagées automatiquement aux banques concernées.»
Nickolas compare la solution Wecan Comply à un moteur qui centralise et partage l'information de manière efficace. «Lorsqu'un client souhaite ouvrir un deuxième compte bancaire, les informations étant déjà au bon format, le processus est considérablement accéléré.» Pour FFG, Wecan Comply joue un rôle de facilitateur pour les gestionnaires d'actifs externes (EAM) vis-à-vis des banques, favorisant la standardisation des formulaires et des procédures et permettant une homogénéisation à long terme.
L'initiative Wecan Comply: une réponse aux défis
L'initiative de Wecan Group avec la BAF est l'une des plus avancées en Europe dans la mutualisation du KYC/KYB, selon Nickolas Gallay. Wecan Comply, soutenu par la BAF, joue un rôle moteur en facilitant les échanges entre acteurs, en servant de lien entre les banques et les EAM, et en contribuant à homogénéiser les documents et les processus.
La promesse est simple: accélérer et simplifier le processus d’onboarding. Si un client a déjà ouvert un compte dans une banque A, il peut ouvrir instantanément un compte dans une banque B grâce à Wecan. De même que si un EAM travaille avec la Banque A et souhaite entrer en relation avec la Banque B les informations du EAM peuvent être transférées immédiatement. Cette fluidité permet de réduire les coûts administratifs et d'améliorer la qualité de la relation client. Les EAM sont prêts à adopter ces changements: «Les EAM sont des entrepreneurs, ils n'ont pas peur du progrès. Ils souhaitent voir la solution rapidement adoptée par toutes les banques.»
Perspectives d'évolution sur 3 à 5 ans
En se projetant sur les 3 à 5 prochaines années, Nickolas Gallay envisage un secteur financier digitalisé, avec des documents toujours à jour et accessibles aux banques et EAM via Wecan Comply. «Si la majorité des banques adopte Wecan Comply pour leurs KYC et KYB, même avec des formats différents, cela représentera déjà un changement majeur: tout sera digitalisé, avec un gain significatif en efficacité.»
Nickolas espère également que les régulateurs encourageront la digitalisation, comme c'est déjà le cas au Luxembourg. «Dans un monde parfait les clients remplissent eux-mêmes leur KYC, mais cela reste un peu utopique pour les 3 à 5 ans à venir. Pour l'instant, visons simplement la digitalisation.»
Bénéfices de la mutualisation du KYC/KYB
Les bénéfices de la mutualisation sont multiples: rapidité, sécurité, simplicité. Nickolas mentionne la digitalisation des processus comme étant non seulement une avancée technologique, mais également une démarche durable. «Cela permet de gagner du temps lors des revues périodiques, de se concentrer davantage sur le contrôle des risques et la relation client, et ainsi revenir à l'essence même des services financiers.»
Pour les banques, c'est un levier de compétitivité. En réduisant les coûts administratifs et en optimisant la qualité du service, elles peuvent se recentrer sur ce qui est essentiel pour leurs clients : la qualité des services et la relation client.
Accélérer la transition vers une mutualisation efficace
Pour conclure, Nickolas Gallay encourage l'ensemble des acteurs du secteur à s'impliquer activement. «Plus il y a de participants, plus cela peut faire bouger les choses. Devenez membre de la BAF, participez aux débats, ne subissez pas les conséquences de cette transition sans y prendre part.» Il rappelle que ceux qui choisissent de rester en marge risquent de se retrouver à la traîne. «Les EAM doivent continuer à être les entrepreneurs qu'ils sont, réagir aux avancées technologiques, et aider à façonner l'avenir de l'industrie.»
FFG a d'ailleurs obtenu la licence LPCC de la Finma en 2015 et la licence de la SEC en 2016. Aujourd'hui, ces licences lui permettent d’aborder sereinement l'avenir.