Dans un contexte où la conformité réglementaire devient de plus en plus exigeante, la mutualisation des processus KYC (Know Your Customer) et KYB (Know Your Business) représente un enjeu clé pour le secteur financier. Philippe Reynier, CEO de Wecan Group, nous éclaire sur les principaux défis et opportunités liés à cette transformation.
Les défis actuels de la mutualisation
Pour Philippe Reynier, le principal défi réside dans la complexité des processus manuels et des échanges de données entre institutions. «Les processus actuels sont chronophages, nécessitant des ressources considérables au sein des départements de conformité, ce qui accroît le risque d’erreurs», explique-t-il. De plus, ces échanges s’effectuent souvent par des canaux peu sécurisés, en particulier pour les petites structures, ce qui fragilise encore davantage le système.
Un autre obstacle majeur est l'absence de standardisation des exigences KYC/KYB. «Chaque institution possède ses propres critères, qui reflètent son appétit au risque et son identité propre, bien au-delà des simples exigences réglementaires», précise Philippe. Il semble donc utopique d’espérer une standardisation totale dans ce domaine, car cela reviendrait à uniformiser des entités aux ADN très différents. Pour pallier ce manque de standardisation, des solutions intermédiaires doivent être développées, permettant de respecter les spécificités de chaque institution tout en facilitant la mutualisation des données.
Les avantages concrets de la mutualisation
Le coût élevé des processus actuels représente un problème majeur. «L'onboarding d'un client peut coûter plusieurs milliers de francs», souligne Philippe Reynier, et pour les grandes institutions financières, la mutualisation pourrait générer des économies de millions, voire de dizaines de millions de francs par an. En plus de ces économies potentielles, la mutualisation du KYC/KYB améliore également la gestion des risques et l'expérience client.
En matière de gestion des risques, la blockchain offre des avantages majeurs en garantissant des données traçables, uniques et auditables. De plus, l'intégration des systèmes existants des institutions et intermédiaires, tels que leurs CRM, TMS ou outils de conformité, via les API de Wecan, permet une gestion proactive des données et des risques liés à la due diligence. Par exemple, les vérifications des listes de gel des avoirs peuvent être automatisées directement par les intermédiaires financiers, réduisant ainsi les échanges répétitifs avec les banques et accélérant l'onboarding des clients.
Tout cela se déroule dans un cadre où les données partagées sont rigoureusement contrôlées et limitées à l’essentiel. L'objectif n'est pas de créer un système excessif où tout est partagé, mais plutôt de garantir un échange fluide et sécurisé des données strictement nécessaires.
Accélérer la transition vers une mutualisation efficace
Enfin, pour Philippe Reynier, les institutions financières doivent profiter de cette révolution technologique pour revoir leur modèle opérationnel. "L’utilisation de ces outils représente une première étape vers une plus grande efficacité, mais les banques doivent également repenser leurs processus pour maximiser les bénéfices", conclut-il. Wecan travaille avec des partenaires, comme Alpha FMC, pour accompagner les banques dans cette transition en proposant le fonctionnement cible et des services de gestion du changement, assurant ainsi une adoption optimale de ces nouvelles solutions.
La réponse technologique de Wecan Group
Pour répondre à ces défis, Wecan Group a lancé une initiative innovante en partenariat avec la Blockchain Association for Finance (BAF), visant à moderniser les processus de KYC grâce à la technologie blockchain. Philippe Reynier explique: «Nous avons conçu une 'compliance market utility' qui repose sur des technologies avancées telles que l'intelligence artificielle et la blockchain».
Wecan s'appuie sur une technologie propriétaire, le Universal Compliance Matching Engine (UCME), qui permet de concilier des structures de données KYC/KYB variées sans imposer de standardisation stricte. «Cette technologie optimise l'efficacité des processus tout en assurant la réutilisation des données lors de l'onboarding et des mises à jour», précise Philippe.