Des résultats sensibles au choc d’offre

Arthur Jurus, ODDO BHF

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Si le risque de récession se matérialise, avec un recul plus marqué de l’activité et des pertes d’emploi, la baisse des bénéfices mènera à une réévaluation des marchés.

 

Les investisseurs suivent avec inquiétude la saison des résultats du second trimestre. Celle-ci a débuté la semaine passée avec le secteur financier américain et se poursuit cette semaine avec de grandes entreprises technologiques (Alphabet, Microsoft), des titres de consommation (Procter & Gamble, Kraft Heinz et Coca-Cola), des constructeurs automobiles (Ford et GM), des valeurs industrielles (GE, Boeing, 3M), des prestataires de services financiers (Visa, Mastercard), des entreprises pharmaceutiques (Pfizer, Merck) et le secteur énergétique (Chevron et Exxon). Si l'on combine les résultats d'entreprises déjà communiqués avec les estimations actuelles des analystes, on devrait obtenir aux Etats-Unis une augmentation des bénéfices de près de 4,7% par rapport à l'année précédente. En Europe, la croissance des bénéfices pourrait même s'élever à 22,4% pour le STOXX 600. Les bénéfices élevés attendus dans le secteur européen de l'énergie (+208%) représentent environ 94% de la croissance des bénéfices de l'indice. Aux Etats-Unis, celle du S&P 500 au deuxième trimestre serait même négative sans le secteur de l'énergie.

Les perspectives des entreprises et l’évolution des marges comptent plus que les chiffres. Les pressions sur les coûts des intrants augmentent à un moment ou les revenus pourraient s’affaiblir en raison du ralentissement de la demande. Du côté de la demande finale, les consommateurs pourraient réduire leurs dépenses dans les mois à venir en raison de l'augmentation du coût de la vie, notamment de l’énergie. La nouvelle hausse des provisions pour risque de crédit témoigne des difficultés des ménages américains. Du côté de l’offre, les prix à la production américains ont augmenté de 18,6% en juin par rapport à l’année passée. Seules les entreprises ayant la capacité de répercuter la hausse des coûts des intrants sur les prix pourront maintenir leurs marges bénéficiaires.

Ainsi, la prudence continue d’être de mise dans le contexte actuel. Si les risques liés au choc d’offre, à la hausse des taux d’intérêt, au ralentissement de la croissance, ont été intégrés dans les prix, ces derniers ne sont pas à l’abri de nouvelles baisses. Dès lors, si le risque de récession se matérialise, avec un recul plus marqué de l’activité et des pertes d’emploi, la baisse des bénéfices mènera à une réévaluation des marchés. Les incertitudes se reflètent dans les attentes des stratèges en actions. Selon une enquête de Bloomberg du 15 juillet 2022, le bénéfice par action moyen attendu va de 200 à 245 dollars. Ainsi, il semble encore prématuré d’augmenter l’exposition aux actions et il est important de se concentrer sur (i) la diversification de l’exposition aux actions ainsi que (ii) la recherche d’opportunités dans le domaine des valeurs de croissance et de qualité. Comme le dit Warren Buffett, «mieux vaut acheter une formidable entreprise à un prix correct qu'une entreprise correcte à un prix formidable».

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